Jamal Ouazzani
Réalisateur, scénariste, podcasteur, conférencier
- Audiovisuel
- Création numérique
- Los Angeles
« La représentativité est essentielle. Cette résidence donnera lieu à une anthologie de l’amour, des sexualités et du genre arabes ou musulmans dans les productions hollywoodiennes, dans une optique intersectionnelle et anticolonialiste, sous la forme d’une 3e saison du podcast JINS.»
Après avoir travaillé dix ans pour des agences de publicité internationales à Paris, Dubaï, Shanghai et New York, je suis devenu consultant indépendant en stratégie pour de grandes entreprises. Mais c’est après avoir lu plus de 500 livres sur le genre, les sexualités, le racisme, les religions et le féminisme que j’ai quitté la pub pour devenir scénariste et cinéaste. J’ai également créé un podcast qui fait connaître les discours fédérateurs et inclusifs. JINS (@jins_podcast sur Instagram), le tout premier podcast qui aborde l’amour, les sexualités et le genre pour les Noirs, les autochtones, les personnes de couleur, et les musulmans, totalisant aujourd’hui plus de 350 000 auditeurs, dont 16 000 réguliers, ce qui en fait une référence dans le domaine, notamment au sein des communautés d’Amérique du Nord, d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Dans ce cadre, j’ai interviewé des sociologues, des sexologues, des auteurs et des artistes de premier plan, en français et en anglais.
Le thème de ma résidence, c’est la troisième saison de mon podcast. Elle pourrait aussi donner lieu à un documentaire sur les récits, les images et les idées de personnalités arabes ou musulmanes américaines qui ont osé parler de sexualité, d’identité de genre, de spiritualité et d’amour. C’est d’autant plus important que le sexe au sein de nos communautés est peu abordé. La pierre angulaire de mon projet, c’est la question de l’intersectionnalité entre islam, identité arabe et sexualité dans le cinéma américain. Contribuer à une révolution culturelle, par le biais des podcasts, de l’écriture et de la réalisation de films, telle est mon ambition, et la mission que je me suis donnée.
100 % français, 100 % marocain et délicat lorsqu’il s’agit de remettre en question le statu quo, Jamal Ouazzani relie toutes ses intersections pour redéfinir le concept d’inclusion et montrer que la différence est une valeur ajoutée. Diplômé d’un master en management de l’ESSEC Business School et d’un master de La Sorbonne en études cinématographiques, il s’efforce de démystifier les mythes et de modifier nos perceptions. Militant des droits humains, il lutte contre les inégalités, notamment par ses conférences en entreprise, dans les écoles et les festivals, sur les thèmes de la diversité et de l’inclusion.
Je souhaite adopter un prisme intersectionnel pour étudier les implications de la représentativité des identités multidimensionnelles arabes ou musulmanes dans les films et séries, ce qui pose la question du « regard blanc », de l’esthétique du cinéma arabo-américain, de la sensibilisation des directeurs de casting et des agents, de la coordination de l’intimité lors des scènes de sexe, de la représentativité à l’écran de personnages arabes non caricaturaux. J’établirai aussi une comparaison entre leur représentativité au cinéma et à la télévision à Hollywood, Cannes et Marrakech depuis 2001. C’est une période pertinente pour un travail d’analyse, car les Américains d’origine arabe ont été très visibles à l’écran après le 11-Septembre, mais limités au rôle de terroristes. Je meurs d’envie de rétablir une certaine vérité sur l’amour et la sexualité qui colle davantage à la réalité de millions d’Américains d’origine arabe (et d’Arabes de la diaspora) et prenne en compte TOUTES leurs identités, d’un point de vue féministe, intersectionnel, décolonial, antiraciste et inclusif.
Ce que je veux, c’est démystifier les stéréotypes et archétypes sur l’amour et les relations sexuelles des Arabes et des musulmans dans le cinéma américain. C’est pourquoi j’aimerais interviewer Riz Ahmed, Rami Malek, Haaz Sleiman, Golshifteh Farahani, Salma Hayek, Ramy Youssef et Mo Amer mais aussi le producteur arabo-musulman Sam Esmail, l’actrice franco-palestinienne Hiam Abbass et la superstar Bella Hadid. Je parlerais aussi à Omar Sy et Tahar Rahim, acteurs français d’origine musulmane, passés du cinéma français indépendant aux superproductions hollywoodiennes. Toutes ces interviews constitueraient une 3e saison de JINS, principalement en anglais. En parallèle des 20 épisodes que j’espère produire au cours de ma résidence de deux mois, j’essaierai d’organiser des enregistrement en public à la Villa Albertine ou dans d’autres lieux. Avec le plein soutien de l’Institut du Monde Arabe de Paris, je pense enfin à y monter une exposition audio, après ma résidence.
Cinéaste et passionné de cinéma, titulaire d’un master en études cinématographiques, j’ai évidemment choisi de situer mes recherches à Los Angeles. Ma thèse à la Sorbonne portait d’ailleurs sur les représentativités du corps et du sexe dans le cinéma maghrébin contemporain. Je souhaite me plonger dans le contexte actuel de cette ville, réinventé par les nouveaux acteurs et actrices du changement sociétal. Los Angeles abrite en outre plus d’un demi-million de musulmans (c’est la deuxième plus large communauté musulmane du pays), cristallisant des pôles identitaires que j’ai vraiment envie de mettre en scène en montrant les relations amoureuses de personnages féminins et queer forts, en portant un regard neuf sur les corps arabes, en changeant les mentalités sur l’Islam et en proposant une vision qui réconcilie toutes les identités, quelles qu’elles soient.
Il va sans dire qu’une nouvelle représentativité des Arabes en Occident serait la bienvenue, sans parler de celle des arabes musulmans queer. Je me vois bien discuter avec l’agence hollywoodienne de l’association américaine de défense des droits des Musulmans pour redéfinir ensemble la vision de l’Islam et des Musulmans dans le monde du spectacle. Je souhaite discuter avec la professeure Sherene Razack, directrice des études de genre à l’Université de Californie – Los Angeles, du racisme antimusulman dans le monde entier, qui est avant tout un phénomène genré. Par un curieux hasard, le siège social de Muslims for Progressive Values se trouve non loin du Hollywood Walk of Fame ! La réflexion engagée sur le monde qui m’entoure inclura un travail fait d’écriture, de rencontres et de tournage, dans l’objectif de créer un monde pacifique, inclusif, créatif et interactif.