Hemley Boum
Romancière
23 septembre 2023 - 10 novembre 2023
- Littérature
- San Francisco
« Je continue d’explorer les marges, les lieux désertés et ceux que chacun porte en soi, les difficultés rencontrées dans les terres d’accueil, l’espoir fou et la rudesse des trajectoires intimes, qu’elles soient réelles ou métaphoriques, intellectuelles ou culturelles. »
Mon travail est axé sur les transmissions déstructurées par l’exil. Du village à la ville, d’un continent à l’autre, d’une culture à l’autre. Quitter le lieu où s’inscrivent les liens, la mémoire, s’implanter dans un ailleurs, un autrement, réinventer les façons de communiquer, de transmettre et de s’adapter. S’approprier les lieux frontières, habiter plusieurs géographies à la fois physique et intérieure.
Jusqu’ici, mon travail a surtout porté sur l’Afrique et l’Europe où j’ai organisé plusieurs ateliers d’écriture, des conférences et des formations sur ces thèmes. Notamment au Cameroun où j’anime depuis plusieurs années des ateliers d’écriture créative pour jeunes écrivains, en France où je travaille avec les populations migrantes et les jeunes en difficultés. J’organise également des ateliers et des conférences avec un groupe de 40 féministes africaines et depuis deux ans maintenant, je les forme sur l’articulation de leur engagement dans le domaine de l’écriture.
La perspective d’étendre ma quête dans une écriture des Migrations dans cette terre de migrations, de mélange et de combats s’inscrit dans une volonté d’enrichissement de mon travail personnel et une ouverture à d’autres formes artistiques de dire et d’habiter les frontières.
Je continue d’explorer les marges, les lieux désertés et ceux que chacun porte en soi, les difficultés rencontrées dans les terres d’accueil, l’espoir fou et la rudesse des trajectoires intimes, qu’elles soient réelles ou métaphoriques, intellectuelles ou culturelles.
Hemley Boum est née au Cameroun où elle entreprend des études d’anthropologie avant de poursuivre à Lille des études de commerce international. Elle bascule des pluies tropicales de Douala au froid du Nord de la France. Après un premier poste à Paris, elle rentre au Cameroun en tant que responsable grands comptes de la filiale camerounaise d’une société française.
Exploratrice de son propre pays, la découverte des firmes agroalimentaires, cotonnières et forestières enrichissent singulièrement sa vision de la société camerounaise et de l’exploitation internationale des ressources locales. Elle a ensuite vécu dans plusieurs pays africains avant de s’installer à Paris et de trouver la forme qui lui convient pour entrer en écriture.
Elle a déjà publié quatre romans, traduits en six langues. Les jours viennent et passent obtient le Prix Amadou Kourouma 2020, Les Maquisards est récompensé par le Grand prix littéraire de l’Afrique Noire 2016 et du Prix du livre engagé de la Cène Littéraire 2016. Enfin, le Prix Ivoire du livre francophone est attribué à Si D’Aimer en 2013.
Son prochain roman, Le rêve du pêcheur, paraitra en janvier 2024.
J’ai découvert San Francisco en Octobre 2023, j’ai été invité par mon éditeur, Two Lines, la Villa Albertine et Le festival Litquake à présenter mon travail après la sortie de mon livre Days Come and Go. Les rencontres et les discussions lors du festival Litquake mais aussi à Berkeley et Portland ont ouvert des passerelles entre mon travail actuel et ces lieux passionnants.
A l’automne 2023, j’animerai des ateliers d’écritures avec des personnes dont le français est la première langue, ce qui inclue les diasporas d’Afrique, des Caraïbes et tous ceux pour qui le français est une langue de cœur, de poésie, vivante et vibrante dans laquelle ils veulent exprimer ce qu’ils sont, la singularité de leur voyage, de leurs rêves et de leurs appartenances. L’atelier donne la place à ce geste intime et artistique particulier.
Mon rôle est de libérer l’écriture de soi, l’interprétation intime du réel dans le temps contraint que j’indiquerai et en suivant des consignes d’écriture. Grâce à des exercices illustrés par des textes d’auteurs, nous travaillerons sur une expression écrite au plus près de ce que l’on désire exprimer afin de permettre à des idées, des émotions, des convictions intimes et personnelles d’être conceptualisées, construites et retranscrites.
Notre thème, l’écriture des migrations, se veut non restrictif des écritures, des esthétiques et des récits. Nous travaillerons sur la forme, la poésie des mots, les lectures des textes, d’abord devant le public restreint de l’atelier, avec la perspective d’une restitution plus générale, mise en scène, pensée pour mettre en valeur les récits.
La résidence pourrait se poursuivre par la publication des textes conçus et partagés en atelier puis offerts au public, envisagée comme une belle façon de clôturer et de laisser une trace de ces rencontres.
Les ateliers d’écriture seront organisés à plusieurs endroits entre Oakland, Berkeley et San Francisco, ce qui me permettra d’appréhender l’héritage francophone de la région.
La possibilité de travailler avec des artistes, des populations moins en contact avec la littérature et des lycéens offre une chance d’écrire une version à la fois nuancée, riche et ouverte de ce que cela signifie de venir d’ailleurs aujourd’hui. Les récits s’écriront avec des angles, des approches et des dynamiques plurielles. L’appartenance s’inscrit dans ces lieux-là, les lieux du présent, les lieux dans lequel se dessine le réel. En évoquant leur expérience dans le cadre d’une écriture créative, les participants nous parlent aussi des espaces qui sont les leurs aujourd’hui et de la façon dont ils y négocient leur place.
Une rétrocession des écrits dans chacun de ces lieux, exposera au public leur vision, une façon de l’assumer, de la construire et de le faire sien en revisitant la question de l’appartenance.
En partenariat avec
Ford Foundation
La Fondation Ford est un organisme indépendant qui combat les inégalités afin de construire un avenir plus juste. Depuis plus de 85 ans, elle soutient des artistes visionnaires, à la pointe des changements sociétaux dans le monde entier, et s’efforce de renforcer les valeurs démocratiques, réduire la pauvreté et l’injustice, promouvoir la coopération internationale et contribuer aux progrès de l’humanité. Forte d’une dotation de 16 Md$, la fondation siège aujourd’hui à New York et possède une dizaine d’antennes régionales en Afrique, en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient.