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Dalia Naous & Marik Renner

Danseuse et actrice / Chorégraphe, vidéaste, danseuse et actrice

  • Arts de la scène
  • Miami

« Miami est une ville-paradoxe qui attire autant qu’elle s’éclipse. Un corps qui se débat tant bien que mal face à l’annonce d’une maladie chronique grave, avec laquelle il faudrait désormais négocier au quotidien. » 

Dalia et Marik viennent toutes les deux d’un port : Beyrouth et Port-Vendres. Elles se sont rencontrées en 2013 à Alexandrie, en Egypte, un autre port où Dalia, chorégraphe et vidéaste, préparait un projet autour du corps et de la place des femmes dans les rues du Caire. C’est dans ce cadre qu’elle proposât à Marik de l’accompagner dans une boutique de lingerie, marquant ainsi une toute première collaboration. 

Commencent alors une amitié, une plongée dans leurs univers respectifs, des discussions informelles, jusqu’au passage à l’acte en 2021 où elles créent ensemble Incise Out, video-danse tournée à la Cité des Arts de la Rue de Marseille, puis La Cabine 134, installation sonore immersive à Port Vendres sur la côte catalane, toujours autour de la notion du corps dans son environnement, et du rapport à la mémoire et à la disparition. Se dessine alors un projet plus vaste basé sur la recherche d’un lien entre la disparition et différents ports du monde. 

Dalia et Marik forment un duo hybride : à la fois actrices, danseuses, metteuses en scène, vidéastes, autrice, chorégraphe, il est toujours fascinant de voir dans l’exploration de leurs travaux quel médium apparaît et se révèle au fur et à mesure de la recherche, telle une expérience chimique. 

Le travail en famille est également très précieux pour elles : elles n’imaginent pas créer sans les personnes qui les entourent au quotidien, une famille d’artistes/artisans qui leur permet de composer et d’assembler leurs différentes expérimentations.   

  

Dalia Naous est danseuse, comédienne, vidéaste et chorégraphe franco-libanaise. Traitant de l’impact sensoriel qu’exerce l’environnement géographique à la fois sur l’individu et sur le groupe, les projets de Dalia s’imprègnent de diverses cultures. Ses vidéos et pièces chorégraphiques ont été présentées dans de nombreux festivals et colloques universitaires du monde entier. 

Artiste interprète, autrice et metteuse en scène, Marik Renner oriente depuis toujours sa recherche vers un art vivant hybride mêlant les disciplines. Diplômée de l’École Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier, elle intègre les troupes permanentes des CDN de Tours puis Besançon, danse pour le festival Montpellier Danse et les Sujets à Vif au festival d’Avignon In. Elle se forme au documentaire aux Ateliers Varan et co-écrit en 2023 la pièce Une Vampire au soleil, qu’elle interprètera la saison suivante. 

« Comment vit-on la disparition dans notre quotidien ? Celle en train de se faire, à venir ou advenue ? Quelle place lui laissons-nous ? Voulons-nous la ralentir ou nous aveuglons-nous face à l’inéluctable ? Quelle trace laisse-t-elle en nous, sur nous ? Et comment nous protégeons nous si nous nous protégeons ? » 

Autant d’interrogations que Dalia et Marik souhaitent poser en abordant Miami comme un corps, avec ses traumatismes, ses stigmates, mais également son énergie foisonnante, sa grande force. Mettre en dialogue cette force et cette fragilité, en étudier leurs contours afin d’établir une sorte de cartographie de la disparition même. 

« Avez-vous vu cet homme ? » 

Le métier de Dalia et Marik est basé sur le jeu et c’est ce que leur inspire Miami : jouer. A l’instar de Chris Marker dans son projet Immemory, soulevant cette question de l’itinéraire de la mémoire, sorte de pays imaginaire au dedans de nous, elles prennent le parti d’utiliser l’imaginaire et les représentations que nous avons de Miami, dans la forme même de leur recherche. Jouer littéralement les détectives, dont le travail serait d’acquérir une connaissance accrue du suspect, de la victime, des témoins. Et ce afin de dessiner leur propre itinéraire retraçant les chemins de l’effacement. 

« Pourquoi choisir de réapparaître ici, dans une ville-corps qui s’efface ? » 

Elles recueilleront la parole de celleux qui tentent de contrer cette disparition, en imaginant toutes sortes de barrières, celleux qui l’explorent, l’analysent, la préviennent, celleux qui y sont confrontés au quotidien en tant que spécialistes, également celleux qui ne veulent rien voir, qui préfèrent l’insouciance. Celleux enfin qui sont les disparus de pays avoisinants trouvant refuge sur ces côtes. 

Elles s’attacheront finalement à écrire en mots, corps, sons, images, la chronique de ce départ annoncé, sorte de journal intime de Miami dans lequel elles déposeront les échos de notre passage. 

Miami a interessé Dalia et Marik dans son rapport intrinsèque à la disparition. Une disparition imminente. Comment la ville vivait-elle la pré-vision de son départ ? Quels outils et stratégies mettait-elle en place ? 

Dans une lettre, elles lui ont parlé de ce qui les reliait : de leurs propres terrassements, de leur envie viscérale de se mettre en jeu, mais aussi de sa frénésie, sa croissance luttant aveuglément contre son propre effondrement… 

Que se cachait-il sous le voile de sa flamboyante effervescence ? 

Dalia et Marik ont été frappées par ces images de tours créant un mur de résistance face à cette mer qui peut tout détruire, en une fraction de seconde, et qui rappellent la reconstruction de Beyrouth, d’où vient Dalia, avec ses rues chics, ses appartements inaccessibles aux Beyrouthains, ces corps vainement reconstruis et/ou dissimulés par la chirurgie esthétique, sa fête permanente… Il suffit de gratter un peu la ville et les corps pour s’apercevoir que tout s’effondre et disparaît. 

La spéculation immobilière va grandissant à Miami, alors que ses rues et ses immeubles sont régulièrement envahis par les eaux. Certains sont prêts à dépenser des millions pour une vue sur la mer, alors qu’ils seront sans doute les premiers impactés par les effets déjà présents du changement climatique. Les gens des quartiers populaires sont aujourd’hui assaillis par des propositions de promoteurs car ils vivent dans des zones plus reculées, plus « secure ». 

Miami est une ville-paradoxe qui attire autant qu’elle s’éclipse. Un corps qui se débat tant bien que mal face à l’annonce d’une maladie chronique grave, avec laquelle il faudrait désormais négocier au quotidien. 

C’est précisément ce qui nous intéresse d’investiguer ; ce corps fragilisé, reconstruit jusqu’à épuisement (jusqu’à devenir corps-fantôme ?), afin de mieux comprendre ses enjeux actuels, à la fois environnementaux, psychologiques, humains, sociaux et ainsi mettre en lumière la substance poétique de nos propres paradoxes. 

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