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Camille Juza

Réalisatrice de films documentaires, autrice radio
Janvier-mars 2026

  • Cinéma
  • Los Angeles

« Glimpses of the U.S.A. ne montre donc pas seulement des fragments de l’Amérique : pour moi, ce sont aussi des fragments du futur. »

Né à Paris, je réalise des films documentaires depuis une vingtaine d’années. Après des études à Sciences Po Paris et l’obtention d’un master en philosophie politique, j’ai passé quelques années à documenter la justice des mineurs. En 2009, après une année passée à l’atelier documentaire de la prestigieuse école de cinéma La Fémis, j’ai décidé d’opérer un virage radical et de consacrer mes films à l’architecture et à l’urbanisme.

Peu après, j’ai apporté ces questionnements à France Culture, où j’ai rejoint l’unité documentaire en 2010. La radio a profondément transformé ma relation à la narration, aux archives, au montage de la parole ; depuis, son influence imprègne l’ensemble de mon travail cinématographique.

Depuis quinze ans, mon activité se partage entre films et documentaires radiophoniques. Mon travail interroge les lieux où nous vivons et le poids qu’ils exercent sur nos épaules. Je suis passionné par l’héritage spatial des Trente Glorieuses, que j’explore à travers différents projets, en variant les échelles et les territoires, toujours à partir de mon expérience concrète de marcheur — quelqu’un qui s’émerveille, s’enthousiasme ou se révolte.

En 2020, j’ai proposé une contre-histoire de ces Trente Glorieuses dans un film de 90 minutes pour France Télévisions, à partir de 300 heures d’archives. À France Culture ou pour le studio Binge Audio, j’explore ces questions à travers différents formats radiophoniques.

Je peux aussi bien documenter une station balnéaire des années 1960 que l’étalement pavillonnaire, ou encore réaliser des monographies de bâtiments et d’architectes — la plus récente étant consacrée à l’architecte italien Renzo Piano. Cette année, j’ai eu un accès exclusif pour documenter une consultation architecturale internationale qui interroge l’héritage du logement social en France.

 

Depuis quinze ans, le travail de Camille Juza se partage entre films et documentaires radiophoniques. Il interroge les lieux où nous vivons et le poids qu’ils exercent sur nos épaules, en particulier l’héritage spatial des Trente Glorieuses, qu’elle explore à travers différents projets, en variant les échelles et les territoires, toujours à partir de son expérience concrète de marcheuse — une personne qui s’émerveille, s’enthousiasme ou ressent de la répulsion.

Son travail s’étend d’un film de 90 minutes consacré aux Trente Glorieuses (De Gaulle bâtisseur, 2020) à des monographies de bâtiments (Le génie des lieux, France Culture), ainsi qu’à des séries radiophoniques sur différents paysages urbains (Le périph après tout, LSD, France Culture).

Un film méconnu mais révolutionnaire réalisé par deux designers célèbres, que j’ai découvert en travaillant sur les Case Study Houses à Los Angeles — en particulier celle de Charles et Ray Eames à Pacific Palisades. Je venais d’achever un film sur l’héritage architectural et bâti des Trente Glorieuses en France, et j’ai eu le sentiment de clore une sorte de cycle dans mon travail sur l’architecture moderne européenne — un cycle qui m’avait conduit naturellement vers les États-Unis. C’est là que de nombreux grands architectes allemands, dont les plus célèbres — Walter Gropius et Mies van der Rohe — avaient trouvé refuge.

Le programme des Case Study Houses me fascine par sa simplicité, sa modestie, et en même temps par son ambition esthétique, constructive et sociale — ainsi que par son financement privé, si éloigné des usages français. Mais ce qui m’a encore plus captivé, c’est la découverte d’un aspect auquel je n’avais jamais réfléchi : la manière dont des designers et des architectes pouvaient devenir des communicateurs politiques.

Comment en sont-ils venus à collaborer avec des figures mondialement reconnues comme le cinéaste Billy Wilder ou l’architecte visionnaire Buckminster Fuller sur un projet aussi sensible pour les États-Unis ? Comment leur a-t-on confié la réalisation d’un film de propagande — et comment sont-ils parvenus à en produire un d’une telle force et d’une telle simplicité ?

Au final, les 2 200 images montées dans leur film de 12 minutes m’ont frappé par leur proximité avec la manière dont nous percevons aujourd’hui les images et l’information. L’œuvre cinématographique des Eames est en réalité considérable, et ils s’y sont investis avec passion. Mais ce n’est pas du cinéma au sens historique du terme : ils ont toujours réfléchi à la manière dont ces films seraient reçus, aux conditions de leur réception, et — bien avant l’avènement des réseaux sociaux — ils travaillaient déjà sur la question de l’attention du spectateur et de sa quasi-captivité face aux images.

Glimpses of the U.S.A. ne montre donc pas seulement des fragments de l’Amérique : pour moi, ce sont aussi des fragments du futur.

Ce qui me frappe le plus dans le film des Eames, c’est sa vision anticipatrice.
Leur installation, d’une remarquable sophistication, annonce deux grands mouvements de notre époque — à la fois sur le plan technique et politique.

D’une part, ce bombardement d’images constitue une préfiguration des réseaux sociaux : une forme d’encerclement visuel du public, dont nous faisons aujourd’hui quotidiennement l’expérience. Il marque également un tournant dans la communication politique qui nous parle encore directement : comment captiver les esprits au point de les maintenir dans une sorte d’hypnose. On touche ici à des questions qui continuent de nous préoccuper aujourd’hui — la relation complexe et troublante entre politique et médias sociaux.

Los Angeles et la Californie sont les lieux par excellence — de Hollywood à la Silicon Valley — où s’inventent sans cesse de nouveaux récits, de nouveaux langages visuels, et les technologies qui les rendent possibles. C’est aussi là que les Eames ont vécu toute leur vie, et où se trouvent encore leur maison, leur bureau et leur fondation.

Durant la phase de recherche et d’écriture de ce film, j’ai l’intention de collaborer avec la Eames Foundation et le Eames Office : pour accéder aux archives familiales, aux films, aux matériaux préparatoires et aux photographies de l’événement, ainsi que pour échanger avec des spécialistes — en particulier les descendants de Charles et Ray Eames. Je prévois également de revisiter certains lieux précis photographiés par les Eames.

L’idée est de tisser ensemble les matériaux personnels des Eames avec ces autres éléments contextuels : ces deux mois de recherche sur le terrain me permettront d’écrire une première version établissant les fondations du scénario.

En partenariat avec

Haut et court

Haut et Court, fondée en 1992 par Carole Scotta, est une société indépendante de production et de distribution de films, dont la vocation première est de révéler et d’accompagner de nouveaux talents, tant français qu’étrangers.

Depuis 25 ans, l’équipe s’est agrandie en revendiquant toujours un éclectisme éclairé et un goût assumé du risque.

Eames Foundation

https://www.eamesoffice.com/visit-learn/eames-house/

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