Julia Debord-Dany
Designeuse et plasticienne
Printemps 2025
- Design & Métiers d'art
- New York
« J’invite à réfléchir à de nouveaux modes de production, et à tendre vers des relations symbiotiques dans la conception. »
Je suis designer et plasticienne, je m’intéresse à ce que nous laissons derrière nous, en tant que civilisation, comme une invitation à l’émancipation, à la prolifération.
Au fil de mes voyages, j’observe les vestiges de vie que l’humain laisse partout. Ces rebuts et carcasses sont les ruines d’aujourd’hui, des témoins ostentatoires de notre passage. Je suis toujours fascinée par la force avec laquelle la nature, dans les espaces où elle le peut, s’adapte, compose et se développe autour de ces intrus.
Ces phénomènes naturels me passionnent dans leur infinité de formes et de manières : le minéral qui se sédimente et se concretionne, le champignon qui colonise, le végétal qui s’immisce, enlace… ou comment la nature résiste, s’émancipe et combat.
Ces interactions inattendues entre structure artificielle et résilience naturelle sont porteuses de sens.
Les chimères qu’elles produisent sont mon point de départ. Tant dans une posture de recherche que de production, je m’inspire de ces mécaniques pour produire du récit, des fictions qui interrogent ces rapports de force à travers l’objet. Ces dynamiques me poussent à réfléchir à la pertinence du matériau dans le processus de création d’un objet, mais aussi à être dans une recherche constante de nouveaux matériaux, de nouvelles textures.
En tentant de comprendre et d’intégrer ces processus, j’invite à réfléchir à de nouveaux modes de production, et à tendre vers des relations symbiotiques dans la conception.
Julia Debord-Dany est designer et plasticienne installée à Saint-Étienne, diplômée d’un master en design d’objet à l’ESADSE en 2019. Son travail interroge notre relation à la nature, proposant des perspectives nouvelles et un regard poétique sur la matière. Elle a été artiste en résidence en duo à Hyères en 2023 (LM Studio et Forêt Modèle de Provence) et au Cambodge en 2024 (Institut Français du Cambodge). Ses travaux ont été exposés notamment à la XIIe biennale de design de Saint-Étienne, à la galerie Poggi (Paris) et à LM Studio (Hyères).
Dans mes projets, j’ai souvent été amenée à travailler avec des matériaux dits « classiques » dans le secteur de l’ameublement (mousse de polyuréthane, métal, bois, silicone…). J’ai la conviction qu’il existe une infi- nité d’autres solutions, spécifiques à chaque territoire et parfois plus cohérentes en termes d’environnement. C’est ce que je vais investiguer.
J’entretiens un lien fort avec le matériau ; il est le point de départ de mon travail et l’axe de cette résidence. Dans une posture de documentation et de recherches, je veux faire un panorama de la matérialité à New York, sur le principe de : Ce qu’il reste, ce qui croît.
Ce qu’il reste, c’est comprendre la gestion des déchets et le réemploi à New York. C’est identifier les « gise- ments » et rencontrer celles et ceux qui les transforment à différentes échelles.
Sur les ruines actuelles de ce que nous produisons au quotidien, qu’est-ce qui pousse ?
Ce qui croît, ce sont les idées, les initiatives qui naissent, de la faculté au laboratoire, de l’usine à l’atelier.
J’aimerais, au fil de ces rencontres, échanger sur le lien, parfois très spécial, qu’on entretient avec une ma- tière. Je veux découvrir et comprendre des matériaux ancrés dans un contexte historique et humain spéci- fique, et ainsi célébrer la créativité et l’adaptabilité dans le contexte environnemental actuel.
J’espère établir des relations durables, nourrir mon travail, et peut-être esquisser de nouvelles collaborations.
De retour en France, le but est de diffuser cette parole, de collecter cette matière sous la forme d’une édition pour partager les éléments de réponse que j’aurai recueillis durant cette résidence avec les designers actuels et futurs.
S’intéresser à la pertinence du matériau, c’est prendre en compte un territoire défini, avec des mécaniques, des enjeux et des ressources qui lui sont propres. New York en est probablement le plus dense et le plus bel exemple.
J’ai choisi New York parce que c’est un territoire qui mélange une grande richesse historique et une longueur d’avance en matière de durabilité, à toutes les échelles.
En matière de réutilisation et de recyclage, je vais écumer les marchés de matériaux comme Build It Green!NYC et MFTA, qui sont des exemples concrets de l’économie circulaire en action.
Je vais également me rapprocher d’institutions comme le Centre du Développement Durable de l’Université de Columbia, qui embrassent une vision holistique de la durabilité et proposent de nombreux événements et rencontres.
D’un point de vue de l’innovation, je vais m’intéresser à Material ConneXion, une matériauthèque à Manhattan, et aux entreprises et industries innovantes qui me permettront de mieux comprendre les applications concrètes de ces matériaux.
Pour enrichir ce tour d’horizon, je vais partir à la rencontre de mes pairs dans l’écosystème créatif de Brooklyn. Cet environnement me permettra d’innover et d’expérimenter, de tisser des liens interdisciplinaires, et de créer en résonance avec les enjeux contemporains.
En partenariat avec
WantedDesign
À propos de WantedDesign :
Fondée en 2011 à New York par les franco New-Yorkaises Odile Hainaut et Claire Pijoulat, WantedDesign a évolué en un connecteur et amplificateur dynamique pour le design mondial, favorisant la synergie créative et servant de carrefour essentiel pour la communauté internationale du design. Après une transformation importante au cours des dernières années, l’entreprise intergénérationnelle dirigée par des femmes inclut désormais la partenaire colombienne Daniela Giraldo Hinestroza et continuera à s’appuyer sur ses fondations de communauté, d’éducation et de curation. À travers sa diversité de programmes – y compris des résidences, des ateliers, des voyages d’immersion et un programme d’adhésion – WantedDesign connecte les designers à chaque étape de leur carrière avec des acteurs clés de l’industrie à travers les Amériques et l’Europe. Claire et Odile, basées à New York, ont également pris le rôle de directrices de marque pour l’ICFF depuis 2023. Daniela continue de diriger depuis sa ville natale de Medellín, Colombie.
L’héritage de WantedDesign comprend le WANTED (précédemment connu sous le nom de WantedDesign Manhattan), acquis par Emerald Expositions en 2019 pour devenir une section au sein de la Foire Internationale du Mobilier Contemporain. Les cofondatrices, Odile et Claire, ont pris leur rôle de directrices de marque de l’ICFF en 2023 et continueront à diriger le salon en 2024. WantedDesign continuera à soutenir la section WANTED à l’ICFF pour mettre en avant un design émergent exceptionnel.
À propos du programme de résidence de WantedDesign :
Présenté en partenariat avec Industry City, le programme de résidence WantedDesign à New York offre une opportunité unique aux créatifs internationaux de s’immerger dans la scène design dynamique de la ville. Avec le soutien d’organisations culturelles internationales, cette immersion sur mesure permet aux résidents d’explorer, de rechercher, de créer des réseaux et de mieux comprendre le marché américain et ses opportunités.
Fondation Bettencourt Schueller
La Fondation Bettencourt Schueller s’applique à incarner la volonté d’une famille, animée par l’esprit d’entreprendre et la conscience de son rôle social, de révéler les talents et de les aider à aller plus loin, dans trois domaines qui contribuent concrètement au bien commun : les sciences de la vie, les arts et la solidarité. À la fois fondation familiale et reconnue d’utilité publique depuis sa création, en 1987, la Fondation Bettencourt Schueller entend « donner des ailes aux talents » pour contribuer à la réussite et à l’influence de la France. Pour cela, elle recherche, choisit, soutient, accompagne et valorise des femmes et des hommes qui imaginent aujourd’hui le monde de demain, dans trois domaines qui contribuent concrètement au bien commun : les sciences de la vie, les arts et la solidarité.