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Nicolas Floc’h

Photographe et plasticien
janvier - février / mai - juin / septembre - octobre, 2022

Isabel Segovia

  • Arts visuels
  • Chicago
  • La Nouvelle-Orléans

« Les fleuves, concentrés d’histoire des peuples et des civilisations, deviennent l’un des principaux vecteurs de la diffusion des polluants, un symbole de nos excès et de notre rapport inversé au monde. » 

«Le matériau sur lequel travaille Nicolas Floc’h n’est pas réductible aux médiums classiques qu’utilisent les artistes (quand bien même, et nous le dirons amplement, il convoque massivement les catégories de l’art). La matière de ce travail, c’est une expérience du réel, une expérience concrète, au milieu des entités naturelles (la mer, les fonds sous-marins, les champs et les jardins…) et culturelles (la scène du spectacle vivant, celle des chorégraphes en particulier, le musée, le centre d’art), en compagnie des marins et des scientifiques, des danseurs et des performeurs, des partenaires du monde de l’art. De ces frottements, Nicolas Floc’h ne tire pas systématiquement des objets circonscrits, l’expérience, l’ambiance elles-mêmes pouvant constituer les formes retenues et proposées comme œuvres. Aussi, dans son cas, la distinction entre documentation et œuvre est souvent mise à mal et généralement peu pertinente. Ce qui se donne alors à voir sous le nom d’œuvre correspond à la partie visible de l’iceberg, indéfectiblement solidaire d’un ensemble qui comprend la préparation, l’approche, le voyage, les apprentissages, l’observation, les enregistrements d’images, les rencontres, les échanges, etc. Contrairement aux artistes conceptuels qui peuvent se passer des objets au profit des seuls protocoles, contrairement aux artistes qui délèguent une partie des savoir-faire, Nicolas Floc’h tient à la réalisation finale des pièces auxquelles les processus aboutissent, fût-ce au prix de longs apprentissages… »    

  

Jean-Marc Huitorel,  »Une esthétique de l’immersion« , in Glaz , Roma Publications / Frac Bretagne, 2018.  

  

Les installations, photographies, films, sculptures ou encore performances de Nicolas Floc’h questionnent une époque de transition où les flux, la disparition et la régénération tiennent une place essentielle. Depuis une dizaine d’années, un travail centré sur la représentation des habitats et du milieu sous-marin a donné lieu à une production photographique documentaire liée aux changements globaux et à la définition de la notion de paysage sous-marin. 

 

Les oeuvres de Nicolas Floc’h ont été régulièrement exposée en France (Centre Georges Pompidou, Palais de Tokyo, FRAC Provence Alpes Côte d’Azur…) ou à l’étranger (Russie, Japon,Amérique du Sud, etc.).  En 2018 et 2020 sont parus, aux éditions  ROMA Publications /amsterdan la monographie « Glaz » et «  Invisible »  sur les paysages sous-marins des Calanques . En 2020 aux éditions GwinZega,  « Carnet de bord « , un livret présentant la première année de son expédition bretonne  en cours « Initium Maris ». 

Mon étude des paysages et habitats sous-marins, de leur productivité et leur rôle dans l’équilibre des écosystèmes m’a amené à documenter le paysage le plus commun, l’eau. Le grand cycle de l’eau implique une évaporation constante à la surface des mers et des continents. Cette eau atmosphérique vient irriguer les terres, nourrir les glaces. En s’écoulant elle se charge en sels minéraux, en sédiments, en matières organiques, s’infiltre dans la couche terrestre et vient fertiliser les eaux des rivières et des océans. Ces flux, ce réseau hydrographique traverse les territoires, apporte la vie et se charge aussi de la vie des hommes impactant toujours davantage les milieux. Des bassins versants aux rivières, des fleuves aux mers et océans, ces écoulements et leurs effets sur l’environnement nous racontent des histoires.  

   

Mon projet pour la Villa Albertine s’intitule « Fleuves Océan ». Il propose d’explorer ces flux, à partir du Mississippi :  de la source à l’embouchure, des lignes de partage des eaux au bassin versant, et de traverser les territoires à partir des chemins empruntés par les flux jusque dans les entrailles de la Terre et de l’océan. Chaque fleuve, au travers de sa couleur, celle de l’eau, nous livre une partie de son histoire, mais l’approche anthropologique, climatique, physique, géomorphologique, géopolitique, historique ou culturelle est plus ou moins développée en fonction du territoire.    

   

Les fleuves, concentrés d’histoire des peuples et des civilisations représentent le rapport à notre milieu. La dimension vitale des fleuves a mené les hommes à habiter leurs rives, mais ils deviennent également, avec l’atmosphère, l’un des principaux vecteurs de la diffusion des polluants, un symbole de nos excès et de notre rapport inversé au monde.  

  

Le Mississippi, tel un arbre planté au centre des États-Unis, draine les terres d’une grande partie du territoire. Sa source Nord, un lac glaciaire du Minnesota, nous raconte les origines de ce fleuve glissant jusqu’à l’état du Mississippi, où le delta génère un flux constant dans les eaux du golfe du Mexique. Ces deux extrémités m’intéressent particulièrement, mais doivent être complétée par les sources des principaux affluents qui nous mènent des Rocheuses aux Appalaches : le Missouri, l’Arkansas, la Red River, le Wisconsin, l’Ohio, le Tennessee… En effet, la couleur de l’eau à l’embouchure du fleuve charrie la terre venue du Nord, de l’Est et de l’Ouest, et vient fertiliser l’océan en se diluant dans le bleu des caraïbes. Je veux suivre le chemin des sources, remonter le flux à la croisée des principaux affluents, là où les eaux se rencontrent, afin de révéler leurs couleurs. Explorer géographiquement ce territoire, sur terre, sous l’eau et depuis l’espace ; raconter son cours et ses variations, ses symboliques.   

En partenariat avec

Camargo Foundation

Fondée par l’artiste et philanthrope américain Jerome Hill (1905-1972), la Fondation Camargo encourage la créativité, la recherche et l’expérimentation grâce à son programme de résidence international pour artistes, chercheurs et penseurs. Depuis 1971, Camargo a accueilli près de 1 000 personnes en résidence travaillant dans le domaine des arts et des sciences humaines et sociales du monde entier. Située à Cassis, au bord de la Méditerranée, la Fondation offre le temps et l’espace dans un environnement de qualité pour penser, créer et échanger.

 

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Art connexion

Artconnexion est une maison de production, de diffusion et de médiation en art contemporain. Association loi 1901, elle incite des rencontres inattendues entre artistes et citoyens depuis 1994.artconnexion invente et accompagne une nouvelle forme de relation entre la société et les artistes au travers de multiples actions de démocratie culturelle : commandes citoyennes, projets de recherche et de médiation, expositions, conférences, résidences et compagnonnage artistique.

 

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