Armelle Tulunda
Artiste
Mai-Juin 2026

- Arts visuels
- Atlanta
« Ce projet de recherche à Savannah, physiquement dans l’espace et métaphoriquement dans le temps, explorera des voies de guérison en se ré-appropriant une histoire liée au colonialisme et à l’esclavage. »
Ma pratique artistique naît de mon besoin de me situer sur Terre depuis toujours, à travers les deux manières que j’ai de créer un pont entre moi et mes ancêtres : regarder le ciel nocturne et me rapprocher des croyances et légendes ancestrales congolaises.
Mes oeuvres se situent généralement dans une situation paradoxale, calculée ou non, mais toujours en écho à mes propres paradoxes en tant qu’enfant née en France de parents congolais : certaines sont dépendantes de la lumière et/ou de l’obscurité lors de leur création ou de leur présentation, certaines se placent à la limite entre vérité scientifique et expérience personnelle, d’autres s’inspirent d’images satellitaires ou de matériaux de la NASA et sont créées à l’aide de techniques liées à l’artisanat. En écho à ma série d’installations Perspectives, j’explorerai à Savannah les traces laissées par les personnes mises en esclavage d’une cosmogonie congolaise qui fut largement occultée par le colonialisme.
Armelle Tulunda (née en 1994 à Colombes) vit et travaille en région parisienne. Son travail a été présenté dans des lieux tels que le Mucem (Marseille), la Biennale Photo de Mulhouse, le Hangar Y (Meudon), le Musée des Beaux Arts de Nancy, la Villette (Paris), le CAC – la synagogue de Delme ou encore Ugly Duck (Londres). Elle a bénéficié en 2021 puis en 2023 du Soutien aux émergences en arts visuels de la région Grand Est et d’une bourse de mobilité du Goethe Institut et de l’Union Européenne.
« Réveillez-vous afin que nous avancions de l’ignorance des langues de nos pays. Prenons conscience. Retournons chez nos ancêtres pour rassembler, traduire, compléter, vérifier tout ce qui est perdu. » Kimbwande Fu Kian Bunseki
Mon projet explore les thèmes du temps, de l’ascendance, de la spiritualité, de l’esclavage et du colonialisme. C’est une quête vers les traces laissées à travers le temps par les personnes mises en esclavage congolaises sur le cosmogramme Yowa et les croyances spirituelles qui l’entourent. Yowa/Dikenga – également connu sous le nom de cosmogramme congolais – a été utilisé par le peuple Kongo pour décrire tous les phénomènes cycliques et, en tant que tel, il démontre également le voyage de l’âme du lever au jour au prochain.
En partant des lieux que j’ai identifiés comme faisant écho au sujet, j’utiliserai l’écriture et la photographie à travers la ville. Mon but n’est pas de trouver une réponse à ce que je me demande : qu’est-il arrivé à ces personnes mises en esclavage dans le sud-est des États-Unis ? Comment ont-ils pu laisser derrière eux ces traces d’une relation au monde dont nous avons tant besoin aujourd’hui ? Mais plutôt de trouver des portails temporels à travers le territoire ou des archives. Si les systèmes d’oppression tels que le colonialisme et l’esclavage ont pris du Congo des personnes, des objets, des ressources, des croyances spirituelles et plus encore, mon envie de remonter dans le temps est une façon symbolique de récupérer ce qui a été emporté. Ce travail de recherche sera la phase finale de recherche avant la création de plusieurs oeuvres à venir.
Lorsque je faisais des recherches autour de la présence de Yowa sur le continent américain, j’ai vu un article de CNN sur la première église baptiste africaine de Savannah (GA), où un cosmogramme africain a été percé sur le sol. Le guide de l’église, construite entre 1855 et 1859, explique : « Sous le plancher en bois, les constructeurs ont laissé un espace de quatre pieds de haut, assez grand pour cacher des centaines d’esclaves qui ont suivi la rivière Savannah vers la liberté. Ils ont percé des trous dans le sol en forme de croix et de losange d’un symbole de prière africain, le cosmogramme congolais, et ont vénéré publiquement sa signification ancienne. Tranquillement, en bas, les fugueurs adoraient la lumière et l’air que permettaient les symboles. J’aimerais aller à l’église et parcourir ses archives et son histoire pour en savoir plus sur sa construction et sur la façon dont elle a été impliquée dans le chemin de fer clandestin grâce à March Haynes, diacre de l’église.
Mon but est d’explorer la ville de Savannah et ses environs comme étant des espaces historiques, où se cachent des leçons d’histoires des peuples africains et noirs-américains : des rives de la ville aux monuments, j’ai l’intention de naviguer à travers la ville en la considérant comme un lieu rempli de capsules temporelles.
En partenariat avec

Fondation Culture et Diversité