Côme Rolin
Achitecte
Juin-Juillet 2026

- Architecture
- Houston
« J’étudierai Marfa comme un exemple de préservation d’un patrimoine bâti en déshérence, susceptible d’entrer en résonance avec d’autres exemples en d’autres lieux. »
Né à Dijon, basé à Paris, je suis architecte et chercheur indépendant. Formé à l’ENSA Paris-Belleville et à l’USI Mendrisio, je fais partie d’Amor Immeuble, une structure mêlant recherche, expérimentation et pratique de l’architecture. Ces dernières années, nous avons eu l’occasion de participer à des résidences et des expositions en France, en Belgique et en Italie. Je contribue également depuis 2017 à la revue d’art et d’architecture Frog Magazine.
À l’occasion d’un voyage d’étude au Texas en 2018, je découvre l’architecture de Donald Judd à Marfa. C’est en visitant sa bibliothèque que je me rends compte de l’importance de ce sujet pour l’artiste américain. Je débute mes recherches en parcourant ses écrits et en collectionnant les croquis de ses projets architecturaux disponibles dans les livres, des articles ou sur Internet. Puis cet engouement se transforme en un mémoire de master qui constitue le point de départ de ce projet de résidence pour la Villa Albertine.
Côme Rolin (France, 1995), est architecte et chercheur indépendant, formé à l’ENSA Paris-Belleville et à l’USI Mendrisio. Il fait partie d’Amor Immeuble avec Rocco Paoli, Olivier Thomas et Mathieu Volkovitch, une structure mêlant recherche et pratique de l’architecture. Ensemble, ils ont été résidents au CIAP Vassivière (2023), à Architecture Curating Practice en collaboration avec Juliette Simeone et Aïcha-Louise Wenger (2024-2025), et lauréats du concours Faire Paris en collaboration avec la designer Anna Saint-Pierre (2023). En 2025, Amor Immeuble, Marcello Carpino et Leander Venlet sont à l’initiative de Brussels Based, une exposition présentant le travail de 50 pratiques d’architecture fondées ces dix dernières années à Bruxelles.
La résidence que je souhaite mener à Marfa aura comme sujet l’architecture de Donald Judd. Elle mêlera un travail de terrain à une exploration des archives de la Judd Foundation et portera à la fois sur ses projets de rénovation et sur ceux de construction neuve qui ne furent jamais réalisés.
Au début des années 1970, Marfa est une ville en déclin lorsque Donald Judd choisit de s’y établir. Progressivement, il acquiert et restaure de nombreux bâtiments utilitaires et résidentiels laissés à l’abandon pour y installer ses œuvres et celles d’autres artistes. Marfa devient alors un véritable laboratoire de rénovation de structures ordinaires, avec pour ambition de les « transformer en architecture ». Je documenterai cette pratique, relativement peu courante à son époque, qui débuta de manière expérimentale avant de se systématiser. Un certain nombre de principes se retrouvent d’un bâtiment à l’autre : régulariser, simplifier, symétriser ; mais aussi des matériaux : murs d’adobe, enduits à la chaux et tôle galvanisée ; et des éléments : portes et fenêtres en bois à pivot central. Pour remonter le fil de leur transformation, je consulterai les documents disponibles : croquis, dessins techniques, photographies des bâtiments avant, pendant et après les travaux. Ce sera aussi l’occasion de mettre en avant le rôle de Lauretta Vinciarelli, architecte formée à Rome, qui collabora durant dix ans aux projets architecturaux de Judd.
En parallèle, j’étudierai les projets non réalisés de maisons, de musées, de bureaux et d’espaces urbains. Exécutés rapidement, les croquis de ces projets sont schématiques, difficiles à décrypter, peuplés de lettres et de mots peu lisibles ; ils conservent une part d’inconnu. L’étude approfondie des archives me permettra d’appréhender ce corpus de projets qui n’existe que sous la forme de ces dessins, et ainsi de mieux comprendre le processus de conception de cet artiste devenu architecte.
Marfa, une ville, un paysage, un ensemble de bâtiments, des archives. Ma recherche se déroulera dans une constellation de lieux de la petite ville texane et de ses environs. L’exploration du territoire et des archives, l’observation des bâtiments et des documents de construction, la visite des ranchs isolés que possédait Judd, constitueront autant de moments de cette résidence.
J’étudierai Marfa comme un exemple de préservation d’un patrimoine bâti en déshérence, susceptible d’entrer en résonance avec d’autres exemples en d’autres lieux. En France, de plus en plus d’architectes s’installent en milieu rural, à l’écart des grands centres urbains où se concentre historiquement la profession. Cet ancrage géographique spécifique conduit à développer une architecture en lien avec un territoire, aux techniques et matériaux de construction des environs.
En collaboration avec Avenir Radieux — une association fondée par des architectes, qui œuvre contre la désertification et la dégradation du centre historique de Pesmes, en Bourgogne-Franche-Comté, et explore les possibilités de sa rénovation — j’engagerai un dialogue entre Marfa et Pesmes, autour de notions communes à ces deux initiatives géographiquement éloignées. Qu’impliquent l’isolement, la territorialisation d’une pratique ? Comment appréhender et comprendre un territoire, sa présence matérielle, son histoire, son économie, sa culture, sa formation et sa transformation ?