Benjamin Alunni
Artiste lyrique, vocaliste
Printemps 2026
- Musique classique
- New York
« Aller à la rencontre de ceux pour qui la voix est un médium de résilience face au VIH, recueillir leurs témoignages, et faire de cette matière vivante le socle d’une nouvelle œuvre vocale pour voix et electro. »
Je suis artiste lyrique, mais la création est sans doute le maître mot de ma démarche. Depuis mes débuts, j’ai cherché à faire dialoguer la recherche et l’acte artistique, que ce soit dans l’interprétation de la musique baroque ou dans les formes les plus contemporaines. Très tôt, la rencontre avec la danse, l’art contemporain, la performance m’a ouvert un champ immense : celui d’un art qui ne se limite pas au rôle de l’interprète, mais qui s’invente, provoque des liens, crée du sens.
Je conçois mon métier comme un espace de circulation, un médium : entre disciplines, entre récits, entre mondes. J’ai chanté dans des maisons d’opéra, mais aussi dans des lieux inattendus, souvent en marge, là où la rencontre humaine est la plus directe. J’ai travaillé avec des chorégraphes, des compositrices, des chercheurs, des auteurs… Je porte des projets ancrés dans des territoires, comme l’opéra en zone rurale, ou dans des enjeux mémoriels et politiques, comme ceux liés à l’homophobie ou au influences culturelles réciproques.
Ce qui m’importe, c’est de faire émerger des formes, récits, de mettre en exergue, de tisser des liens entre les êtres et les mémoires. Mon chemin s’est construit par fragments. Ces éclats ont peu à peu dessiné une quête hybride. La résidence Villa Albertine s’inscrit naturellement dans cette trajectoire : elle me permettra de transformer la mémoire en matière vivante.
Benjamin Alunni est ténor, concepteur de projets et artiste-chercheur. Diplômé du CNSMD de Paris et de la Norwegian Academy of Music, il se produit à l’international (Opéra Comique, Festival d’Aix-en-Provence, Lincoln Center, BAM). Il développe une pratique plurielle, mêlant interprétation, recherche et production, à travers des œuvres comme Strange Land, oratorio multilingue sur l’exil, ou une tournée qu’il conçoit et produit aux États-Unis autour de l’amitié franco-américaine. Il crée en 2024 l’œuvre Le Chant de la Terre de Laurent Cuniot, récompensée par le Prix du Syndicat de la critique. (Il termine un master à Paris Dauphine en management culturel.)
Mon projet pour la Villa Albertine s’inscrit dans une démarche de recherche-création autour du chant comme médium de résilience face au VIH. Il repose sur une série d’enquêtes de terrain à New York, à la croisée de la voix chantée, de la mémoire LGBTQ+ et des pratiques vocales.
En 2023, avec le compositeur Omer Barash, nous avons créé à l’IRCAM une œuvre pour voix et électronique, à partir de lettres homoérotiques retrouvées dans un tombeau médiéval du Caire. En 2025, je découvre une photographie bouleversante : un chœur gay de San Francisco, décimé par l’épidémie du sida, où seuls sept survivants regardent l’objectif. Ces deux éléments artistiques ont réactivé en moi une mémoire d’enfant – celle des bulletins télévisés, des campagnes de prévention, du silence.
Je ne cherche pas à combler un vide dans l’art lyrique, mais à comprendre ce que le chant peut encore produire aujourd’hui : comme espace de soin, de résistance, de reconstruction. La résidence me permettra de rencontrer des personnes pour qui chanter – seuls ou en chœur, amateurs ou professionnels, toutes esthétiques confondues – a été un acte de survie, un geste de mémoire ou un lien social.
Je recueillerai leurs témoignages et travaillerai parallèlement avec des chercheurs, des militants et des archives. Ces récits formeront la matière d’un livret pour une nouvelle œuvre vocale, conçue avec Omer Barash au sein du Computer Music Center de Columbia. Ce ne sera pas un requiem, mais une création sensible, politique, vivante – au croisement du chant, de l’écoute et des voix absentes.
New York m’intéresse à la fois comme ville-archive et comme ville-monde traversée par les luttes, les mémoires et les pratiques artistiques liées à l’histoire du VIH. Ce qui m’intéresse sur ce territoire, ce sont les personnes et les lieux où la pratique du chant devient un geste de résistance, de mémoire ou de soin : qu’il soit amateur ou professionnel, rituel, expérimental, communautaire ou populaire.
Je souhaite rencontrer des personnes pour qui chanter dans un contexte d’épidémie, de stigmatisation ou de deuil a été un acte vital. Mon attention se porte aussi bien sur les survivants que sur les jeunes générations. Ce que je cherche à recueillir, ce sont des récits de voix : vécues, portées, transformées.
Je compte travailler avec des institutions comme le GMHC, Act Up New York, AIDS MEMORIAL, la New York Public Library ou Columbia University. Mais je veux aussi me rendre dans des lieux moins visibles, là où la parole circule autrement.
New York est pour moi un territoire vivant, où les pratiques vocales continuent de faire émerger des récits collectifs, incarnés, parfois oubliés. C’est dans cette cet interstice, entre intimes et communs, que je souhaite inscrire ma démarche.
En partenariat avec
Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités
Cité de la musique – Philharmonie de Paris
Située au cœur du parc de la Villette dans le Nord-Est parisien, la Cité de la Musique – Philharmonie de Paris est un complexe musical unique qui accueille près de 1.5 million de visiteurs chaque année.
Elle développe une programmation ambitieuse et éclectique (450 concerts et 2 à 3 expositions temporaires par an), tout en assumant pleinement son rôle social et sociétal. Elle vise ainsi à rendre accessible sa programmation à tous les publics, de tous âges et toutes origines sociales et géographiques, mais également à faire des enjeux d’égalité femmes-hommes, de diversité et d’éco-responsabilité une partie intégrante de son projet. C’est en ce sens qu’elle a créé, avec le Paris Mozart Orchestra, le concours de cheffes d’orchestre la Maestra et qu’elle développe de nombreuses actions sur l’ensemble du territoire en partenariat avec les collectivités, à l’instar du projet d’orchestres d’enfants Démos. Elle mène également des projets de coopération et de partenariat à l’international avec de nombreuses institutions culturelles (États-Unis, Brésil, Pays du Golfe, Pays européens…).
La Fondation Société Générale
La Fondation Société Générale contribue au développement d’une société plus inclusive et plus durable en soutenant des initiatives porteuses d’impact sociétal positif dans les domaines de l’Éducation, de la Culture et de l’Environnement. Forte de l’esprit d’entreprendre qui l’anime, elle apporte son soutien à des structures d’intérêt général et des organismes culturels qui mettent en œuvre des projets à fort potentiel d’impact, qu’il s’agisse d’initiatives naissantes ou de grande ampleur. Elle agit en France, au niveau national et régional et soutient également des projets multi-pays ou à rayonnement international.
Grand Mécène des résidences de la Villa Albertine, la Fondation Société Générale s’engage, à travers ce partenariat exceptionnel, à soutenir le parcours professionnel des artistes et à promouvoir l’excellence artistique. Elle contribue ainsi au dialogue transatlantique autour des arts et au rayonnement culturel français à l’international. La Fondation favorise tout particulièrement le développement de la musique classique au sein des résidences, via un appel à projets dédié, prolongeant un engagement de plus de 38 ans dans ce domaine. Ce partenariat s’inscrit également dans la continuité du soutien apporté par le groupe Société Générale à l’art contemporain depuis 30 ans, notamment à travers une Collection de près de 1 800 œuvres — peintures, arts graphiques, photographies et sculptures — d’artistes français et internationaux. Par ces différents engagements, Société Générale réaffirme son attachement à la création artistique et à son excellence, en France comme à l’international.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur https://fondation.societegenerale.com/fr.
Columbia University – Département de musique