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Miren Arzalluz

Historienne de la mode, curatrice, directrice de musée

  • Musées
  • New York

« Mon projet de résidence s’articule autour de l’idée (…) d’échange (…) avec mes confrères américains, afin d’analyser les différentes manières dont ils ont choisi de présenter leurs collections, et les politiques et pratiques qu’ils ont mises en œuvre pour assurer la diversité, l’égalité, l’accessibilité et l’inclusion au sein de leurs institutions. »

Je suis avant tout historienne. Mes domaines de prédilection sont la politique, la culture, l’art et le design. Après une licence en Histoire à l’Université de Deusto, à Bilbao, parce que j’avais envie de trouver des solutions au violent conflit politique qui secouait le Pays Basque, où je suis née, j’ai décidé de poursuivre mes études en politique comparée à la London School of Economics. En parallèle, j’ai eu l’occasion d’intégrer le programme Global Dimensions, qui fait appel aux grands noms du monde universitaire, de la politique, du monde des affaires et des organisations à but non lucratif pour débattre et proposer de nouvelles approches en matière de gouvernance mondiale. 

À Londres, je me suis intéressée à la mode par le biais de diverses expositions et programmes académiques. Ce qui m’a fascinée, c’est de prendre conscience que la mode est à la fois un secteur d’activité mondial, un outil de construction de l’identité collective et de création individuelle, un mode d’expression artistique et une entreprise artisanale et technologique qui a de profondes répercussions au niveau sociétal. Après un master en histoire du vêtement et de la mode au Courtauld Institute of Art, j’ai commencé à travailler sur des collections et des expositions muséales dans le domaine de la mode, au Victoria and Albert Museum ou à la Fondation Cristobal Balenciaga notamment, où je me suis occupée de la conception et des collections d’œuvres d’art du musée Cristobal Balenciaga, nouvellement créé. 

Depuis ma nomination à la direction du Palais Galliera en 2018, je chapeaute un grand projet de rénovation et travaille avec mon équipe à l’élaboration d’un programme d’expositions ambitieux mêlant expositions temporaires et présentation de collections permanentes, afin d’imaginer de nouvelles façons d’aborder la mode et de la rendre pertinente et accessible à un public large et diversifié. 

  

Miren Arzalluz est titulaire d’une licence en histoire de l’Université de Deusto, d’une maîtrise en politique comparée de la London School of Economics, d’une maîtrise en histoire de l’art du Courtauld Institute of Art, et d’un doctorat en histoire de l’Université de Deusto. De 2006 à 2013, elle a été conservatrice en chef et responsable des collections et des expositions de la Fondation Cristóbal Balenciaga, où elle a travaillé à la conception et la conservation du musée Cristobal Balenciaga, nouvellement créé. En décembre 2016, elle a été nommée directrice de l’Institut culturel basque Etxepare.  En janvier 2018, elle est devenue directrice du Palais Galliera – Musée de la Mode de la Ville de Paris. 

Le Palais Galliera est actuellement engagé dans une démarche de développement du champ de son activité. Après un ambitieux projet de rénovation (2018-2020), le musée a considérablement agrandi ses espaces d’exposition, avec un grand programme d’expositions temporaires – rétrospectives ou thématiques – et une nouvelle présentation de ses collections permanentes, qui propose aux visiteurs d’envisager l’histoire de la mode dans toute sa complexité : expression artistique, industrie florissante, outil de construction de l’identité, canal d’expression individuelle et collective, symbole social, politique et culturel, etc. En intégrant de nouvelles approches, nos musées s’efforcent de proposer une réflexion innovante sur le sens et la pertinence de la mode dans nos sociétés. 

Le développement récent du projet du Palais Galliera est le fruit d’une plus large réflexion sur le rôle du musée et sa responsabilité en tant qu’agent social et culturel. Le Palais Galliera s’engage à devenir un musée ouvert, accessible et inclusif, et un acteur social pertinent, vecteur de changement. Dans ce contexte, je suis persuadée qu’il est indispensable de partager des idées et des expériences avec nos confrères d’autres musées de la mode, avec lesquels nous partageons des objectifs et défis similaires. Mon projet de résidence s’articule autour de l’idée de partage, d’échange et de discussion avec mes confrères américains, afin d’analyser les différentes manières dont ils ont choisi de présenter leurs collections, et les politiques et pratiques qu’ils ont mises en œuvre pour assurer la diversité, l’égalité, l’accessibilité et l’inclusion au sein de leurs institutions. 

Historiquement parlant, les États-Unis sont une référence en matière d’étude, d’interprétation et de présentation de la mode.

Depuis vingt ans, la recherche sur la mode est nourrie par l’essor, le développement et l’institutionnalisation d’une nouvelle discipline, l’étude de la mode aux États-Unis et au Royaume-Uni. Alors que le modèle britannique encourage des recherches novatrices sur l’histoire de la consommation, les pratiques quotidiennes et l’analyse d’objets spécifiques à certains musées ou collections, le modèle américain s’est développée autour l’histoire de la culture et du genre.

De même, les musées américains, new-yorkais notamment, ont joué un rôle fondamental dans la modernisation de la lecture et la présentation de la mode, les expositions de Diana Vreeland au Metropolitan Museum of Art constituant un tournant dans cette évolution. D’autres personnalités, comme Richard Martin et Harold Koda, ont joué un rôle majeur dans la manière dont nous envisageons aujourd’hui la mode, avec des expositions stimulantes sur le plan intellectuel, au Fashion Institute of Technology et, plus tard, au Costume Institute. La mode est ainsi passée de l’expression futile et commerciale d’une superficialité principalement féminine à une activité artistique, véritable phénomène social et culturel. Tandis que le remarquable succès des expositions du Costume Institute illustre le succès sans précédent des expositions de mode dans le monde entier, Valerie Steele, l’une des principales théoriciennes de la mode dans les universités et musées internationaux, continue d’inventer de nouvelles façons d’appréhender ce secteur à travers des expositions innovantes qui abordent les questions de genre, de sexualité, de décolonisation, d’appropriation culturelle, de diversité et d’inclusion.

Pour toutes ces raisons, deux institutions new-yorkaises constituent des modèles mondiaux en matière d’analyse et de présentation de la mode dans une perspective socioculturelle : le Museum of the Fashion Institute of Technology et le Metropolitan Museum of Art (et, plus spécifiquement, le Costume Institut). Il serait d’ailleurs très intéressant d’étudier les pratiques et la philosophie d’autres musées new-yorkais qui abordent la mode sous différents angles (art, design, histoire et société), comme le MoMa, le Musée de la Ville de New York ou le Musée Cooper-Hewitt.

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