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Marfa, une nouvelle résidence collective autour de l’imaginaire spatial

Fatoumata Kebe

Par Villa Albertine

La Villa Albertine dévoile les noms des quatre créateurs et chercheurs sélectionnés pour contribuer à renouveler les récits que l’espace produit

New York et Marfa, le 7 septembre 2022 — Comment déconstruire les imaginaires de l’espace ? Est-il possible d’envisager son exploration sans alimenter la soif de conquête ? La Villa Albertine, nouvel établissement culturel du ministère des Affaires Etrangères, lance en partenariat avec le Centre Pompidou, un nouveau programme qui traitera de ces problématiques en accueillant quatre créateurs et chercheurs. Léa Bismuth, autrice et commissaire d’exposition, Vanessa del Campo, réalisatrice et ingénieure aérospatiale, Elizabeth Hong, artiste et designer, et Jean-Philippe Uzan, directeur de recherche au CNRS, ont été sélectionnés pour conduire chacun un projet de résidence du 5 octobre au 5 novembre, à Marfa, aux portes du désert texan.

Toujours plus loin : Plus Ultra. Telle est la devise que Bacon donne comme programme à la science moderne, en reprenant la devise de l’empereur conquérant Charles Quint. Conquête de l’espace terrestre, conquête de la nature, conquête de l’espace cosmique : encore aujourd’hui, découvrir c’est bien souvent conquérir, explorer c’est s’approprier l’espace, les autres planètes, les ressources lointaines.  La course aux programmes spatiaux et aux planètes habitables n’y fait pas exception. L’appropriation des territoires (et de leurs ressources) est en effet devenue un enjeu central au temps de l’Anthropocène. Notre conscience nouvelle des limites de la Terre invite-t-elle à accélérer encore la recherche d’autres planètes à conquérir, ou serait-elle au contraire l’occasion de renouveler nos imaginaires de l’espace ? 

Conçu avec Frédérique Aït-Touati, historienne, chercheuse et metteuse en scène, ce programme de résidence entend établir un dialogue entre spécialistes américains et créateurs originaires de France et d’ailleurs, tout en permettant aux résidents de tirer profit de ces moments de réflexion collective, d’apprentissage et de recherches pour enrichir leurs projets individuels.

« Au moment où une poignée de milliardaires essaient de nous entraîner dans une course vers Mars, force est de constater que les prouesses technologiques qui se succèdent s’appuient sur un imaginaire de l’espace qui est de plus en plus daté, et de moins en moins acceptable. Peut-on aujourd’hui l’envisager autrement qu’un territoire à conquérir et coloniser ? Comment repenser l’exploration spatiale à la lumière des enjeux écologiques, sociaux et politiques qui s’imposent aujourd’hui dans notre compréhension de la Terre? Cette résidence donne l’occasion de prendre du recul et d’imaginer une approche différente des mondes qui nous entourent » explique Gaëtan Bruel, Directeur de la Villa Albertine. « Oasis artistique dans le désert et avant-poste mondial de l’art contemporain, Marfa offre aussi un cadre idéal pour observer l’espace depuis le désert. Nous sommes heureux d’y inviter ces quatre artistes et chercheurs, pour mener chacun un projet singulier, mais aussi pour poser ensemble les bases d’une nouvelle grammaire de l’exploration spatiale. »

L’appel à candidatures de la résidence de la Villa Albertine à Marfa était ouvert à tous les créateurs français ou résidant en France. Les quatre finalistes ont été choisis par un jury franco-américain présidé par Gaëtan Bruel et composé de : 

  • Frédérique Aït-Touati, Metteuse en scène et Chercheuse ;
  • Bettina Gardelles, Directrice de la Villa Albertine au Texas ;
  • Dan Jacobs, Directeur des relations internationales de la station spatiale internationale au Centre spatial Lyndon B. Johnson de la NASA ;
  • Mathieu Potte-Bonneville, Directeur du département Culture et création au Centre Pompidou ;
  • Ingrid Schnaffer, Curatrice de la Chinati Foundation à Marfa (Texas).

 

Les artistes et chercheurs en résidence

Villa Albertine

Léa Bismuth, Autrice et Commissaire d’exposition

« Mon projet pour Marfa, Eternity by the Stars, envisagera les cieux à l’aune de la pensée d’Auguste Blanqui, l’un des théoriciens les plus actifs de la Commune de Paris. En 1871, alors enfermé au Fort du Taureau, une prison au milieu des mers, il ne put participer à l’insurrection et rédigea un traité de cosmologie visionnaire. Ma résidence à Marfa servira de base à un travail littéraire cosmopoétique autour de l’étincelle d’émancipation née du nouveau rapport que nous entretenons avec le monde vivant. »

Vanessa del Campo, Cinéaste et Ingénieure en aérospatiale

« J’aimerais explorer plus en profondeur notre rapport au cosmos et le changement de paradigme qu’a représenté pour nous l’exploration spatiale. Ce projet de recherche participe à l’élaboration de Moon Diary (Le Journal intime de la Lune, N.d.T), un film-essai que je suis en train de réaliser dans le cadre d’une thèse de doctorat. Dans ce film, je m’interroge à la première personne sur le sens de la naissance et de la maternité, mis en perspective avec notre petitesse dans l’Univers. »

Elizabeth Hong, Designer  

« Mon projet, Sky Walk, invite à se promener ensemble parmi les étoiles, en suivant le fil d’un récit de fiction qui fait dialoguer les enchevêtrements complexes de l’espace et de la colonisation. Quels sont nos futurs potentiels si l’espace n’est plus une frontière ? Quels souvenirs recèle un endroit où nous ne sommes jamais allés ? En tant que designer, je souhaite tirer parti du site de Marfa pour raconter et rendre vivants ces futurs potentiels en cours d’écriture. Une fiction qui serait aussi une expérience spatiale à vivre à différents moments de notre voyage. »

Jean-Philippe Uzan, Directeur de recherche au CNRS

« Dialogue sur deux humanités part de deux constats sur la conquête spatiale telle que nous la concevons aujourd’hui. D’une part, le corps humain n’est pas adapté à l’espace. D’autre part, l’idée même de conquête renvoie à une relation particulière entre nature et culture. En partant d’une base fictionnelle, j’aimerais explorer l’imaginaire d’une hypothèse anthropologique de séparation de l’humanité en deux espèces, et de l’évolution de ces extraterrestres du futur. Laisser vagabonder notre imaginaire à partir de cette hypothèse, c‘est s’interroger sur le socle même de notre humanité. »

 

Frédérique Aït-Touati, Metteuse en scène et chercheuse au CNRS

Frédérique Aït-Touati is a theatre director and a CNRS Research Fellow in Paris. Her interests include early modern literature, astronomy, and the sciences of the Earth, from the seventeenth through the twenty first centuries, including cartography and ecology/environmentalism. She has published Fictions of the Cosmos (Chicago University Press, 2011, MLA Prize), Contes de la Lune (Gallimard, 2011), Terra Forma (MIT Press, 2022), Le Cri de Gaïa and Trilogie Terrestre (with Bruno Latour). Before joining the CNRS, she was a Fellow at the University of Oxford (2007-2014). She is the current director of the Experimental Programme in Political Arts (SPEAP). With Latour and her theatre company Zone Critique she has created plays and performances, including The Theatre of Negotiations, INSIDE, and Moving Earths, which have been on tour around the world. 

En partenariat avec

Centre Pompidou

Depuis 1977, le Centre Pompidou présente une riche programmation aux croisements des disciplines et des publics. Son bâtiment emblématique, qui abrite l’une des deux plus grandes collections d’art moderne et contemporain au monde, ainsi que des expositions, des colloques, des festivals, des spectacles, des projections ou des activités pour les plus jeunes, en font une institution sans équivalent, profondément ancrée dans la cité et ouverte sur le monde et l’innovation.

 

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