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Wambui Wamae Kamiru Collymore

Artiste visuel
Mai - Juillet 2024

  • Arts visuels
  • Sciences humaines et sociales
  • Boston
  • Washington, DC

« En tant qu’Africaine aujourd’hui, une large part de mon identité, de ma culture et de ma sagesse matérielle est conservée dans des bâtiments par des gens qui voient ces objets comme des antiquités depuis longtemps inutiles. » 

Il y a quelques années, j’ai demandé à ma grand-mère où elle conservait les bijoux traditionnels qu’elle portait quand elle était enfant et jeune adulte, avant l’indépendance du Kenya. Elle m’a dit que depuis qu’elle s’était convertie au christianisme, elle avait cessé de les porter et les avait donnés au prêtre blanc de sa paroisse. Cela montrait qu’elle s’était engagée dans la voie du Seigneur, et qu’elle avait renoncé à ses pratiques et sa culture kikuyu. 

Lorsque j’étais en maîtrise d’études africaines à l’Université d’Oxford, je suis allée au musée de Pitt Rivers, où j’ai enfin vu, en trois dimensions, les bijoux traditionnels des femmes Kikuyu. Je ne les avais aperçus jusque-là que sur des photos en noir et blanc, dans des articles consacrés à l’anthropologie. Ce moment a marqué ma réflexion sur la façon dont ces objets sont devenus des pièces de musée, conservées derrière des vitres, loin des personnes qui les avaient autrefois fabriqués et portés. 

En tant qu’Africaine aujourd’hui, une large part de mon identité, de ma culture et de ma sagesse matérielle est conservée dans des bâtiments par des gens qui voient ces objets comme des antiquités depuis longtemps inutiles. Dans ces contextes institutionnalisés, le lien qui les unit à l’art contemporain africain est mal compris. Ils restent figés dans le temps, au lieu de dialoguer avec l’actualité brûlante. 

Wambui Kamiru Collymore est une artiste visuelle qui crée principalement des installations. Elle travaille actuellement sur les thèmes de la décolonisation, de la féminité, de la mémoire et de l’histoire, et, récemment, de la dés-identité en ligne. Son travail intègre des objets du quotidien et requiert l’activation d’au moins trois sens de la perception. Son travail a été exposé au Kenya, en Afrique du Sud, en Pologne, en Allemagne et au Danemark. Elle vit et travaille actuellement à Nairobi, au Kenya. 

Wambui Kamiru Collymore is a visual artist who mainly creates installations. She currently works on themes of decoloniality, womanhood, memory and history and more recently, online dis-identity. Wambui’s work incorporates everyday objects and the use of at least three senses of perception. Her work has been exhibited in Kenya, South Africa, Poland, Germany and Denmark. She currently lives and works in Nairobi, Kenya.

J’aimerais développer un projet qui s’intéresse aux objets culturels afin de générer de nouvelles connaissances. D’abord en utilisant les récits des personnes qui savent ce que sont ces objets ; ensuite, à partir des descriptions qu’en font les institutions, et enfin de mon point de vue d’artiste africaine qui évolue dans un monde défini depuis l’Antiquité par l’Occident. 

En tant que porteuses et créatrices de savoir, je souhaite m’interroger sur la langue dans laquelle parlent ces pièces de musée, que ce soit entre les mains des conservateurs ou entre celles des personnes dont les ancêtres les ont façonnés. Ces objets reflètent des façons de vivre, de guérir, d’apprendre et d’être. Que sont les savoirs romains, grecs, chinois sans les savoirs africains ? Comment pouvons-nous maintenir notre vision actuelle du monde dans sa globalité si nous ne savons pas à quoi ces pièces nous donnent accès ? 

L’objectif initial de cette recherche est d’appréhender ces artefacts en tant que forme d’art contemporain, vraisemblablement par le biais de mon principal mode d’expression : l’installation artistique.

J’irai étudier les objets kenyans conservés aux États-Unis, à commencer par la collection Peabody de l’Université Harvard, à Boston. Les collections du Musée d’art africain du Smithsonian, à Washington, et du Detroit Institute of Arts sont également susceptibles de m’intéresser, dans une démarche collaborative. 

Je m’efforcerai par ailleurs de visiter des collections privées. Avec la généralisation des appels au rapatriement des œuvres dans leur pays d’origine, je me pencherai sur la question de la propriété partagée des objets. Du fait de ma passion pour le panafricanisme, j’aimerais aussi étudier la manière dont ces pièces peuvent nous aider à définir plus précisément l’afro-américanité. Comment leur transport par-delà les océans a-t-il influé sur leur utilité et leur fonction, de la même manière que les corps noirs ont subi le même déracinement pour devenir des objets. 

Aux États-Unis, j’aimerais rencontrer des conservateurs de musée, des historiens, des artistes et des spécialistes des traditions orales qui ont découvert des objets similaires. Au Kenya, je souhaite parler à des historiens et des personnes pour qui ces objets ont encore de la valeur et une fonction. 

En partenariat avec

Ford Foundation

The Ford Foundation is an independent organization working to address inequality and build a future grounded in justice. For more than 85 years, it has supported visionaries on the frontlines of social change worldwide, guided by its mission to strengthen democratic values, reduce poverty and injustice, promote international cooperation, and advance human achievement. Today, with an endowment of $16 billion, the foundation has headquarters in New York and 10 regional offices across Africa, Asia, Latin America, and the Middle East.

 

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