Skip to main Skip to sidebar

Simon Bouisson

Auteur-réalisateur
28 février - 27 mars 2022

Raphaël Dautigny

  • Cinéma
  • Création numérique
  • Los Angeles

« L’algorithme est-il l’outil de l’auteur, ou l’auteur l’outil de l’algorithme ? »

Je me suis toujours intéressé aux questions autour du désir lié à la technologie et aux rapports de pouvoirs que confère une image sur un individu. De mes premiers films où la technologie structurait la narration (WEI or DIE et République) aux plus récents où la narration met en scène la technologie (STALK et 3615 Monique), j’ai eu à cœur de raconter et filmer une jeunesse sans cesse prise dans le tumulte des images et dans le vertige du progrès technologique.

Ce lien étroit, entre jeunesse, fantasmes et connexions, me fascine. Au point de vouloir pousser l’expérience plus loin : et si je co-écrivais un film avec un algorithme ?

Les technologies numériques ont toujours été porteuses de promesses et de dangers, aujourd’hui c’est leur impact sur les œuvres cinématographiques qui pourrait bien m’affecter plus directement, et qui constitue un sujet d’interrogation et d’envie de récits. Je souhaite profiter de la résidence pour explorer à la fois le potentiel de l’utilisation des algorithmes appuyés sur de l’intelligence artificielle (IA) dans « l’optimisation » d’un récit, et percevoir la façon dont les acteurs du secteur envisagent leur impact sur les histoires et donc les imaginaires.

Auteur-réalisateur, Simon Bouisson est diplômé de La Fémis. Il réalise des projets pour le numérique et les nouveaux médias (Jour de Vote, Tokyo Reverse, Dezoom) et notamment deux fictions interactives, WEI OR DIE (Fipa D’or 2016) et République (Tribeca 2021). En parallèle Simon réalise des séries linéaires, 3615 Monique (OCS) et Stalk (FTV), (prix du meilleur réalisateur au festival de fiction de La Rochelle 2019, et prix de la meilleure série 26’ 2021). Il développe actuellement deux long-métrages de fiction.

Le dernier concurrent en date des plateformes de fiction, c’est le sommeil ! Toutes les minutes, 100 000 heures de fiction y seraient consommées. Les géants de la dramaturgie comptent donc maintenant sur leurs propres algorithmes pour aiguiller un pitch, un scénario ou même un montage pour s’assurer de ses qualités addictives.

Les scénaristes n’ont qu’à bien se tenir puisqu’ils pourraient, à terme, être asservis à des intelligences artificielles, tellesdes grilles créatives, qui s’immisceront dans leurs propres choix. C’est de cette dualité dont il est question dans mon projet « AÏLA» : l’algorithme est-il l’outil de l’auteur, ou l’auteur l’outil de l’algorithme ?

« AÏLA» pour Artificial Intelligence in Los Angeles propose une confrontation nouvelle : celle d’un auteur et d’un algorithme.

Aila sera une œuvre de fiction qui s’appuie sur une réflexion autour des IA censées anticiper nos désirs pour mieux les assouvir. Finalement, qui est l’algorithme ? Est-il politisé, patriarcal, genré, inclusif, individualiste ? L’homme et l’algorithme peuvent-ils faire bon ménage ? Ou l’un d’eux doit-il forcément gagner ? Et au-dessus de tout : une IA peut-elle rendre heureux ?

La Californie est le lieu de la rencontre du cinéma américain et des nouvelles technologies. Sur cette base, un pan majeur de notre culture et de nos usages numériques aujourd’hui y est produit. Outre un questionnement sur la normalisation des écritures, et ce avant même l’arrivée des algorithmes et des IA dans le processus créatif, le territoire suscite des fantasmes variés, et la perspective de se les approprier est une promesse stimulante, avec l’objectif d’affiner les premières hypothèses – tant narratives que technologiques – d’ « AÏLA ».

AÏLA imagine un bras de fer entre une IA et un auteur, et le travaille autant dans le fil du récit que dans son dispositif d’écriture. Sur place, à Los Angeles, il s’agira donc de mettre en place le logiciel (l’algorithme auteur) via la rencontre des acteurs du milieu, universitaires, startups, plateformes, qui pensent ces algorithmes.

A travers des rencontres avec les réseaux de création, je tenterais aussi de glaner une image non exotique des enjeux narratifs vus depuis les studios et les indépendants de la région. Ce sont aussi les enjeux de technologies et d’usages que je cherche à identifier plus finement en entendant ingénieurs et représentants de plateformes sur le fonctionnement des algorithmes de recommandation et l’analyse des récits qu’ils encouragent. J’espère enfin pouvoir y affiner les paramètres d’un outil spécifique à ce projet, et travailler à l’écriture de premières arches et à l’incorporation d’une trame scénaristique « dictée » par l’outil et moi.

Puisqu’est faite l’hypothèse que l’histoire d’ « AÏLA »se déroule à Los Angeles, la résidence sera l’occasion de mettre cette idée à l’épreuve en y séjournant en immersion, dont j’attends qu’elle bouscule mes a priori par la mise à l’épreuve du réel.

En partenariat avec

Arte

ARTE est un média de service public, culturel et européen. Au sein de la Direction du Développement Numérique d’ARTE France, notre mission est le soutien à la création et à la singularité de programmes innovants au service du public sur toutes les plateformes numériques. Nous coproduisons des projets linéaires pour arte.tv et les plateformes sociales, ainsi que des projets interactifs/immersifs, y compris des jeux vidéo.

 

En savoir plus

Contenus associés

Inscrivez-vous pour recevoir toute notre actualité en exclusivité