Skip to main Skip to sidebar

Pierre-Alexandre Savriacouty

Artiste plasticien
9 septembre - 8 octobre 2022

Pierre Alexandre Savriacouty

Pierre Alexandre Savriacouty

  • Arts visuels
  • Chicago

« Les éléments sont capturés par la prise du ciment et contraints à rester au fond des eaux. C’est à travers ce processus sculptural que je produis des pièces qui deviennent des ancres psychiques et mémorielles.»

Je suis intéressé par la dimension technique et spirituelle de l’Homme et sa capacité à avoir créé des mondes et des matières qui n’existaient pas. J’envisage mon travail comme un moyen de communiquer entre ces mondes, mes pièces comme des portails immatériels entre les êtres. Dans ce processus, j’explore des questions liées à la disparition, à la matière et sa spiritualité, au vivant, à la dépouille, à la mémoire, ainsi qu’aux lieux de passage.

Je travaille sur des dispositifs éphémères et liés à des lieux ou des temporalités qui s’articulent autour d’un projet : « Iceberg process ». Mes pièces deviennent des modules transversaux opérant dans différents contextes, passant d’une installation, au texte, à la vidéo et au théâtre. Je cherche à amener ma pratique vers un ensemble autonome proche du rhizome avec son propre langage et ses moyens de représentation. 

 

Pour classifier les icebergs, les scientifiques les dénomment par leur provenance et leur nombre en circulation. Lorsque des fragments d’icebergs se détachent (iceberg fille), ils sont dénommés et affectés du code de leur iceberg mère. L’iceberg B-15 encore en circulation dans l’océan avait donné naissance en 2010 à 9 blocs (B-15B, B-15F, B-15G, B-15J, B-15K, B-15N, B-15R, B-15T et B-15V). C’est avec la même procédure que je classifie mes territoires de recherches, puis mes pièces modules. Mon travail se fragmente comme une vaste généalogie, ces fragments fondent, se dispersent et se connectent avec d’autres mondes, réels, spirituels, futures ou anciens.

 
Pierre-Alexandre Savriacouty est un artiste franco-malgache né en 1993. Diplômé des Beaux-Arts de Montpellier où il a notamment travaillé avec le metteur en scène Rodrigo Garcia, il intègre l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2018. Lauréat du prix SARR 2021, son travail a été exposé au FRAC Ile-de-France Château de Rentilly en 2020 et plus récemment à la Biennale internationale de Saint Paul de Vence 2021.

Le prix Sarr  a été créé en 2021 dans le cadre d’un partenariat entre les Beaux-Arts de Paris et la Collection Sarr. Après analyse des candidatures par un jury international trois bourses sont attribuées à des étudiants en reconnaissance de la qualité de leur démarche artistique et pour les accompagner dans leur démarche de professionnalisation. L’un des lauréats bénéficie également d’une résidence d’un mois à Chicago dans le cadre de la Villa Albertine. C’est Pierre-Alexandre Savriacouty qui a été retenu pour effectuer cette résidence en 2022.

Depuis 2017, je travaille sur un territoire de recherche nommé R-1. La genèse de travail remonte à 2003 où durant l’été d’une grande canicule en France, une rivière s’était asséchée. Le niveau de l’eau ayant considérablement baissé, j’ai pu apercevoir lors de cet été une multitude de déchets, qui étaient jusqu’alors cachés sous l’eau ; des tambours de machine à laver, des bottes, des déchets en tout genre englués dans la vase. Étant marqué par cet événement, j’ai commencé en 2017 à me servir du ciment pour lester des matériaux qui sont censés remonter à la surface, comme du polystyrène ou du liège, ainsi que des objets à l’origine suspendus en hauteur, comme des lustres. 

Les éléments sont capturés par la prise du ciment et contraints à rester au fond des eaux. C’est à travers ce processus sculptural que je produis des pièces qui deviennent des ancres psychiques et mémorielles. Outre les différents éléments géologiques et mémoriels que j’ai agrégés dans ces ancres, j’ai utilisé également des lustres qui sont pour moi des objets témoins, avec une charge émotionnelle forte. Ils traversent parfois plusieurs générations, les lier dans le ciment est pour moi une manière de protéger les mémoires auxquels ils sont rattachés et également, dans un sens plus poétique, d’éclairer les profondeurs des eaux, des espaces qui sont normalement privés de lumière.  

Ce territoire de recherche m’amène aussi à travailler sur l’altération de la matière par le temps et le changement climatique, la mémoire des lieux, la pétrification, la question du déchet, de la disparition, ainsi que sur la capacité de l’eau à pouvoir révéler, dissimuler ou détruire. J’ai décidé de prolonger ce travail à Chicago, de l’inscrire en lien avec son histoire sociale et géographique et l’eau des grands lacs qui constitue la deuxième plus grande réserve d’eau douce du monde. 
 

A Chicago et au lac Michigan, mon travail de recherches autour des milieux aquatiques pourrait davantage se déployer et englober ainsi des enjeux sociaux et environnementaux, plus vastes. En emmenant le territoire de recherche R-1, je souhaite arriver à lier, par une pratique artistique, des mémoires individuelles avec une prise sédimentaire de matières naturelles ou industrielles en contact avec l’eau et son environnement, constituant de fait une histoire géologique et donc collective. 

Le processus d’élaboration commencerait par une étude approfondie du lac, puis de rencontres avec les habitants de différents quartiers de Chicago. Le projet est de multiplier des prélèvements mémoriels et géographiques sous forme d’objets, de témoignages, de moules, d’écrits, de photos et de dessins et de m’en servir pour les agréger dans les ancres.

 
Parallèlement à cette collecte, mon travail avec les ancres sur l’altération et la sédimentation de la matière par les changements climatiques ainsi que sur la question du déchet continuera. Pour ces ancres, je vais cette fois-ci m’intéresser à l’environnement spécifique du lac Michigan et récupérer des éléments naturels, organiques ou industriels pendant des excursions sur le lac. Je les travaillerai avec de l’eau, du sable, et de la terre du lieu. Ces deux parcours de recherches vont se lier ensemble par la prise du ciment et en faire ainsi des ancres qui seront des sculptures dans lesquelles se joindront une multitude d’éléments historiques et naturels produisant ainsi des formes de précipités temporels, aquatiques et sensibles. 

Comme une montée des eaux qui emporterait sans distinction tout dans son passage, le caractère presque hasardeux de la prise du ciment et de l’eau met au même niveau tous les éléments qui composent mes sculptures. À travers ses ancres, je souhaite générer une autre lecture du présent et du passée sans hiérarchie où se côtoient la biodiversité, la grande histoire du Middle West américain, l’histoire amérindienne et afro-américaine ainsi que des références aux différentes divinités liées à l’eau dans toutes ces cultures.

En partenariat avec

Beaux-Arts de Paris

Fondée en 1817, les Beaux-Arts de Paris sont à la fois un lieu de formation et d’expérimentations artistiques, d’expositions, de conservation de collections historiques et contemporaines et une maison d’édition. Les Beaux-Arts de Paris forment des artistes de haut niveau et occupent une place essentielle sur la scène artistique contemporaine internationale.

 

En savoir plus

SARR Collection

Catherine et Mamadou-Abou Sarr collectionnent et soutiennent avec passion des initiatives artistiques et des institutions aux États-Unis, en France et en Afrique de l’Ouest.  La Collection Sarr se structure principalement autour de la photographie contemporaine et s’étend sur plus de soixante-dix ans de production, traversant les médiums de la peinture et de la sculpture avec des œuvres d’artistes emblématiques mais aussi d’artistes émergents. En 2021, ils ont créé le Prix Sarr en partenariat avec les Beaux-Arts de Paris pour soutenir les artistes au début de leur pratique.

 

En savoir plus

 

6018|North

Founded in May 2011, 6018|North is an artist-centered, sustainable, nonprofit platform and venue for innovative art and culture. Located at 6018 North Kenmore in Chicago’s Edgewater neighborhood, 6018 North encourages artists to collaborate and reconfigure its intimate space. This intimacy allows artists and audiences to connect in transformative ways. At home and away in other non-traditional spaces, 6018North’s site-specific exhibitions and events include artists performing, creating installations, and directing communal engagement events.

Learn more

Contenus associés

Inscrivez-vous pour recevoir toute notre actualité en exclusivité