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Penda Diouf

Dramaturge
Janvier - Février 2024

  • Arts de la scène
  • New York

« Invoquer la figure de Julius Eastman et enquêter sur lui, c’est donner à entendre des voix minoritaires, queers, racisées dans les États-Unis des années 1970-80.»

Passionnée par l’écriture et l’intimité que peut créer le spectacle vivant entre des personnes jusqu’alors inconnues, j’aime écrire sur les histoires oubliées, invisiblisées. La question de l’identité (ou de l’exil) traverse mes textes, comme l’idée de soin et de réparation. J’ai la sensation que les mots peuvent poser un baume sur les plaies et j’essaie de les utiliser à cet escient. J’aime l’idée de travailler avec l’Histoire et d’insuffler aux faits la dose de sensible qui permettra l’empathie, la projection et l’émotion. Mes premières pièces éditées et jouées parlent du rapport à la police, du génocide namibien, de la grève des mineurs en 1948 en France.  Des rappels historiques pour se rappeler de qui nous sommes. Invoquer la figure de Julius Eastman et enquêter sur lui, c’est donner à entendre des voix minoritaires, queers, racisées dans les États-Unis des années 1970-80. C’est réfléchir à son héritage aujourd’hui et essayer de rendre la complexité de sa personnalité et du contexte dans lequel il évoluait. Sa disparition tragique, ainsi que celle de ses partitions de musique ont participé à l’effacement de son travail. J’aimerais en traquer les traces et voir quels échos nous parviennent aujourd’hui.

Le rapport au politique guide régulièrement ma démarche artistique, tout en y mêlant de la fiction.

Je co-organise par ailleurs depuis 9 ans un festival pour accompagner les auteurices de théâtre et valoriser une diversité de narrations, de récits et de formes, Jeunes textes en liberté.

 

Penda Diouf écrit pour le spectacle vivant et est associée à différents lieux de théâtre (CDN de Vire, de Valence, de Poitiers, SN de Poitiers, d’Evry). Ses pièces, primées en France et en Allemagne sont traduites en allemand, anglais, arménien, tchèque et finnois. Elle a bénéficié de résidences d’écriture, à la Sala Becket, à l’Institut français de Tunis, à la Maison des Écritures de La Rochelle, au Théâtre National de Strasbourg et au Royal Court à Londres.

Elle a réalisé un documentaire, Voies sensibles: l’art de marcher en Seine-Saint-Denis pour France Culture suite à sa résidence à la MC93. Elle est lauréate du dispositif Mondes Nouveaux et a été élue « Nouveau talent théâtre 2023 » par le conseil d’administration de la SACD.

J’ai rencontré Julius Eastman grâce à Marc Lainé qui m’avait demandé de faire des recherches dramaturgiques sur le compositeur dans l’idée de créer une pièce à son sujet. J’ai été saisie par sa musique dès la première écoute : la colère, la radicalité et une sorte d’humour latent en soubassement de ses compositions. Une possibilité de régénération, de re-création de soi et de transformation du monde. Il m’a semblé que sa musique touchait, au-delà du minimalisme à d’autres styles artistiques comme le spoken word, le rap, le rock. En découvrant davantage sa biographie, les liens entre sa personnalité et le type de musique qu’il composait ont fini de m’accrocher. Et c’est aussi tout un environnement culturel qui se donne à voir en écoutant sa musique, entre East village, l’université de Philadelphie où il a étudié et Buffalo. Il portait beaucoup des questionnements qui nous traversent aujourd’hui concernant la classe, le genre, la race. Il avait un rapport à autrui et à la propriété privée très particulier. Ses gestes artistiques étaient d’une grande générosité mais radicaux. Il semblait également porter en lui une spiritualité. Une aura mystique entoure sa personne encore aujourd’hui.

Je souhaite pendant cette résidence faire des recherches dramaturgiques, des interviews. Ce matériau participera à la création d’une oeuvre littéraire et d’un film en collaboration avec son frère Gerry.

Julius Eastman est né dans l’état de New York et y a vécu une bonne partie de sa vie. Il avait un appartement à East Village et a passé les dernières années de sa vie aux alentours de Tompkins square. Il me semble important de pouvoir arpenter les territoires physiques et intimes qui l’ont habité pendant sa trop courte vie. J’aimerais interroger des personnes qui l’ont rencontré, son frère, son ex conjoint, les ami.e.s qui ont contribué à la mise en lumière de son travail. Il me semble que le New York des années 1970 a participé à approfondir nos réflexions actuelles autour de l’art, de la performance, de l’engagement politique. Des scènes institutionnelles et plus underground ont permis à différents artistes de faire entendre de nouvelles perspectives et d’imaginer de nouvelles formes artistiques. La ville de New York a été témoin actif de cette réflexion et de son essor dans les grandes capitales du monde. J’aimerais mettre en miroir ces deux époques et voir comment ces courants de pensée ont circulé sur les différents continents.

En partenariat avec

Festival d’Aix-en-Provence

Né en 1948, le Festival d’Aix-en-Provence s’est rapidement imposé comme l’un des grands rendez-vous de la saison lyrique. Grand rendez-vous, mais aussi lieu d’innovation et de renouvellement, conscient de la capacité unique qu’ont les festivals à surprendre et à amener le public vers des horizons, des formes, des artistes nouveaux. Dédié à la création de spectacles d’opéra ainsi qu’à l’organisation de concerts de la plus grande qualité, il bénéficie d’une reconnaissance lui permettant de collaborer avec des metteurs en scène à la pointe de leur art, des orchestres et des chefs visionnaires, des distributions de premier ordre et les plus grands compositeurs contemporains.

 

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