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Lydia Amarouche

Editrice, Curatrice
Mars - Mai 2024

  • Littérature
  • Atlanta
  • Los Angeles
  • New York

« La résidence s’ancre à l’heure d’un mouvement de censure visant les bibliothèques et les écoles à travers les États-Unis. Comment les auteurices et les éditeurices réagissent-iels ? Comment cela impacte la production littéraire et éditoriale ? »

Je suis une éditrice et curatrice guidée par l’exploration et la mise en pratique d’outils d’investigation sociologique. Mon parcours m’a conduit à envisager le livre comme un moyen de rencontre et d’échange, où les différentes étapes du processus éditorial prennent vie et deviennent sensibles pour le public. J’organise des ateliers, des expositions, des lectures collectives, des résidences d’écriture, des reading rooms et des événements festifs, qui enrichissent les réflexions suscitées par chaque projet éditorial.

En 2019, j’ai initié un cycle itinérant d’arpentage, une méthode de lecture collective inspirée de la culture syndicale ouvrière et des mouvements d’éducation populaire des années 1950. L’arpentage consiste à découper un livre en plusieurs parties, chacun des participants partageant ensuite sa compréhension avec le reste du groupe pour appréhender collectivement le livre. Cette approche permet de déplacer la question du savoir et d’expérimenter la force du collectif, remettant en question les méthodes traditionnelles d’éducation. Ces ateliers ont nourri l’intérêt pour la création d’espaces d’apprentissage mutuels et m’ont guidée en 2020 vers la création d’une maison d’édition et d’une plateforme artistique, Shed publishing.

 

Lydia Amarouche, éditrice et curatrice basée à Marseille, est diplômée de l’École normale supérieure en sociologie, anthropologie et histoire. Elle explore divers documents d’archives pour créer des enquêtes éditoriales, exposées ou performées. En 2019, elle lance Corpus, un cycle de lectures collectives ouvert au public, abordant l’histoire coloniale, les enjeux queers et féministes, le système carcéral, la pédagogie et l’art. En 2020, elle fonde Shed publishing, une plateforme éditoriale et artistique publiant des essais sur la critique sociale et politique ainsi que de la littérature jeunesse. Elle enseigne également à l’université Aix-Marseille. 

 

Pour la Villa Albertine, j’ai entamé une recherche autour des pratiques de résistance éditoriales et littéraires, avec un intérêt particulier pour les initiatives qui mobilisent le livre comme un médium et un outil d’éducation politique et populaire. Je suis allée à la rencontre de personnes qui portent des maisons d’édition, des reading rooms, des book clubs, des bibliothèques indépendantes, des coopératives ou toutes formes d’organisations collectives qui jouent un rôle significatif dans la diffusion des livres et la transmission de savoirs communs.

En tant qu’éditrice, je suis particulièrement attentive aux démarches qui déplacent les relations classiques entre auteurice, éditeurice et lecteurice et considèrent les projets de livres comme des expériences collectives. Les espaces littéraires alternatifs constituent à mes yeux une source d’inspiration intarissable, c’est pourquoi je suis allée à la

rencontre de communautés littéraires, militantes et artistiques afin de réfléchir à la culture du book club et de la lecture collective et aux sociabilités alternatives qu’elle engendre. Ces espaces éducatifs et ludiques jouent un rôle crucial dans la diffusion du savoir et de la culture au sein des communautés minorisées. J’ai exploré leur histoire, leur impact, ainsi que les formes qu’elles prennent dans le contexte politique actuel.

La résidence se déroulait en effet à l’heure d’un mouvement de censure visant les bibliothèques et les écoles à travers les États-Unis, avec des campagnes ciblées de retrait d’ouvrages qui traitent notamment de racisme ou de l’identité de genre. J’ai pu observer l’auto-organisation de bibliothèques, de librairies et de lieux indépendants pour faire face à ces pressions.

Mon projet de recherche m’a menée dans trois villes aux États-Unis : Atlanta, New York et Los Angeles.

Ma recherche à Atlanta avait pour point de départ la librairie et reading room For Keeps books, fondée par l’artiste Rosa Duffy. Cet espace spécialisé dans les livres classiques et rares est décrit par sa fondatrice comme un « musée interactif de la pensée noire ». J’ai rencontré la communauté bouillonnante qui fréquente et fait vivre le lieu. Lors du séjour j’ai aussi passé du temps à Yes, please, une bookhouse et un carespace niché dans la ville limitrophe de Decatur. Fondée par Lauren Jones, ce lieu suspendu est dédié aux écrits de femmes noires.

À New York, j’ai exploré la grande richesse du champ éditorial. J’ai notamment passé du temps avec l’équipe de Wendy’s Subway, reading room, bibliothèque et lieu littéraire situé à Bushwick. J’ai pu échanger avec une série d’acteurices du livre autour de nos méthodes d’organisation du travail en collectif, des systèmes de financement.

Enfin, à Los Angeles, j’ai visité des espaces tels que la coopérative Radical Hood Library, le siège du No Name Bookclub fondé par la rappeuse No Name. J’ai pris connaissance du Prison Program, tous les deux mois l’équipe envoie à un réseau de personnes incarcérées à travers le pays (plus de 1300 personnes dans plus 400 prisons) des ouvrages de théorie politique et maintient un lien avec ces personnes, via des correspondances, ou en les appelant lors d’événements publics pour qu’iels lisent des poèmes ou donnent des nouvelles.

Les lieux que j’ai traversés – artistiques, littéraires, archivistiques – ont en commun d’intégrer la question de la décarcération et de l’abolition de la prison comme un enjeu central de leur action.

En partenariat avec

Triangle-Astérides

Triangle-Astérides est un centre d’art contemporain d’intérêt national établi depuis sa fondation en 1994 au sein de la coopérative culturelle la Friche la Belle de Mai, une ancienne usine de tabac à Marseille.
Triangle-Astérides articule un programme exigeant d’expositions à des résidences de recherche et d’expérimentation d’artistes des scènes françaises et internationales, un programme d’artistes associé·es destiné à la scène locale (en complémentarité avec les Ateliers de la Ville de Marseille), à quoi s’ajoutent des événements, des projets éditoriaux et un travail attentif mené auprès de tous les publics.

Triangle-Astérides hérite à la fois de réseaux internationaux (avec le Triangle Network, à l’origine de sa création et dont il reste une structure membre tout en opérant de façon indépendante), nationaux et locaux (par la fusion, en 2018, de Triangle France et d’Astérides). La mise en relation de ces différentes échelles est au cœur de toutes ses activités.

Attentif aux besoins de chacun·e, Triangle-Astérides veille dans la mesure de ses possibilités à l’accessibilité de ses programmes (PMR, visites en LSF pour chaque exposition, et sur demande en audiodescription et parcours FALC – facile à lire et à comprendre), tant pour le public que pour les artistes invité·es.
Les supports de communication de Triangle-Astérides sont diffusés en français et en anglais (parfois traduits par des traducteur·ices, souvent traduits vers un anglais imparfait par l’équipe elle-même). Ponctuellement et sur demande, nos programmes peuvent également être traduits vers d’autres langues.

Triangle-Astérides est une association à but non lucratif qui reçoit le soutien de la Ville de Marseille, du Ministère de la Culture – DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur, de la Région Sud – Provence-Alpes-Côte d’Azur et du Département des Bouches-du-Rhône.
Son équipe est composée de quatre personnes ; son conseil d’administration de cinq dont un·e artiste.

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