Juliane Morel

Mes différents projets centrés autour des questions du genre, en particulier dans l’éducation, m’ont permis de constater le besoin d’un designer travaillant sur des thématiques sociales complexes de créer une réelle expertise autour de ce sujet.

Durant ma résidence à la Villa Albertine, je compte créer un réseau autour de la sensibilité sensorielle des enfants neurodivergents (spectre de l’autisme, TDAH, dys, TOCS, etc). Depuis les années 1940, les chercheurs en neurosciences et psychologie ont pu souligner que nombreux de ces profils ont une manière particulière d’expérimenter le monde par le biais d’une autre sensorialité. Que cette dernière soit liée à la vision, à l’ouïe, à l’odorat, au toucher, au goût, ou encore à la perception de l’espace, ces individus ont une expérience singulière avec les objets et les espaces qui les entourent. Or l’expérimentation sensorielle par le jeu représente un élément clé dans l’apprentissage des jeunes enfants, qu’ils soient atteints ou non par ce trouble.

En prenant en considération la sensorialité dans leur processus de création, je souhaite créer des outils pédagogiques inclusifs et innovants. Ils auront pour finalité d’inviter les enfants neuroatypiques à expérimenter la matière et l’espace, afin de développer de nouveaux moyens d’apprendre et de jouer, adaptés à leurs besoins. Au départ pensé pour l’inclusion des enfants neuroatypiques et leur propre réceptivité, ce projet a également pour objectif d’inviter tous les types d’enfants à expérimenter leur environnement et apprendre autrement, en développant eux-mêmes de nouvelles sensibilités.

Depuis plusieurs années, les spécialistes américains ont adopté un regard neuf sur le concept de neurodivergence. Ils ont conclu, par le biais d’observations rigoureuses, que les programmes éducatifs les plus réussis intègrent les enfants neurodivergents en embrassant leurs disparités. Cependant, il reste encore beaucoup de travail à faire. Et quel meilleur endroit pour commencer que le cœur du progrès ? Que ce soit à travers les établissements de soins, les centres de recherche en psychiatrie et en neurosciences, ou les programmes d’inclusion, la région de New York offre de nombreuses possibilités pour la recherche, l’observation, les discussions animées, et les tests de prototypes dans des conditions réelles.

Cet environnement me permettra de profiter des avancées liées au sujet de la neurodivergence aux États-Unis,. Il m’aidera à créer un réseau franco-américain grâce auquel des produits innovants pourraient être développés en France, pour satisfaire une demande et un intérêt croissants. Mon objectif est de créer un réseau autour de ces thématiques, pour combiner efficacement recherche et observations – liées à la sensibilité sensorielle des enfants neurodivergents – avec une expertise axée sur le design sensoriel. Ces interactions faciliteront en outre une exploration personnelle liée aux volumes, aux espaces, aux couleurs, aux lumières et aux matériaux.