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Davy Chou

Réalisateur et producteur
Mai - Juillet 2024

  • Cinéma
  • Chicago
  • Los Angeles

« La résidence, qui consistera en deux mois à Chicago et deux semaines à Los Angeles, me permettra d’apprendre à connaître l’environnement où se situe l’histoire du film, afin d’y travailler son ancrage, d’y modifier les décors et le contexte des scènes, en préciser les contours et leur donner plus de vie. »

Mon histoire de cinéaste et de producteur est intrinsèquement liée au voyage : c’est après être parti en 2009 pour la première fois au Cambodge, pays où sont nés mes parents, que j’y ai réalisé mon premier long-métrage, le documentaire Le sommeil d’or, qui explorait la mémoire du cinéma populaire cambodgien d’avant le génocide Khmer Rouge. Quelques années plus tard, j’y suis retourné pour tourner le long-métrage fictionnel Diamond Island, fortement inspiré de l’environnement et des observations de mon premier séjour. Mon dernier film, sorti en 2022, Retour à Séoul, est lui né d’un voyage en Corée du Sud en 2011, qui m’a amené à vivre une expérience mémorable avec une amie, Laure Badufle, qui a ensuite inspiré l’histoire de Freddie, l’héroïne du film. Parallèlement à ce parcours de cinéaste, je produis des auteurs de ma génération depuis à peu près la même période, ces auteurs présentant la particularité de venir de nombreux horizons : France (Jacky Goldberg, Florence Pezon, Adrien Genoudet), Thaïlande (Nontawat Numbenchapol), Italie (Irene Dionisio), et surtout, ces dernières années, Cambodge, via la structure de production Anti-Archive que j’y ai co-créée, et avec laquelle j’ai produit les cinéastes Kavich Neang, Danech San ou Sreylin Meas. Cette résidence à Chicago, décidée car il s’agit du lieu de l’action du film que je suis en train de co-écrire avec l’écrivain et scénariste Sabri Louatah, est l’occasion pour moi de remettre au centre un déplacement de repères pour provoquer une nouvelle inspiration artistique.  

 

Davy Chou se fait connaître avec Le Sommeil d’or (Berlin, 2011). Après le court-métrage Cambodia 2099, passé à la Quinzaine des Réalisateurs 2014, il présente le long métrage Diamond Island à la Semaine de la Critique 2016 à Cannes, où il remporte le Prix SACD. Retour à Séoul, sélectionné à Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022, est shortlisté pour l’Oscar du Meilleur Film en Langue Etrangère, et gagne de nombreux prix, dont ceux du Meilleur Film aux festivals de Belfast et d’Athènes, et celui de Meilleur Réalisateur aux Asia Pacific Screen Awards. En parallèle, Davy Chou produit des cinéastes cambodgiens et a également co-produit Onoda, 10 000 nuits dans la jungle d’Arthur Harari, film d’ouverture d’Un Certain Regard en 2021. 

L’écrivain et scénariste Sabri Louatah est un ami de longue date. Quand il m’a parlé d’une idée qu’il avait pour une nouvelle littéraire, j’ai immédiatement partagé mon enthousiasme avec lui, adorant son originalité, les développements qu’elle promettait et les résonances intimes qu’elle offrait. Nous avons continué à échanger pendant plusieurs semaines, sur l’histoire, les personnages, jusqu’à ce que l’idée d’en faire un scénario de long-métrage émerge naturellement. Que nous coécririons ensemble et que je réaliserai. C’est une histoire de famille, au centre de laquelle un jeune père voit l’équilibre de sa vie vaciller quand un mystérieux jeune homme fait irruption dans la sienne. Des images enfouies au fond de sa mémoire resurgissent, en même temps qu’il s’attache de plus en plus à la présence dans sa vie de ce jeune homme, jusqu’à devenir dangereusement dépendant de lui. Les sujets que cette histoire me semble toucher ont trait à la paternité, la relation père/fils, l’absence et le deuil, les mécanismes de la mémoire, la contamination de l’anxiété et de la paranoïa, l’obsession, l’identité, la honte. La résidence, qui consistera en deux mois à Chicago et deux semaines à Los Angeles, me permettra d’apprendre à connaître l’environnement où se situe l’histoire du film, afin d’y travailler son ancrage, d’y modifier les décors et le contexte des scènes, en préciser les contours et leur donner plus de vie. Pendant le temps à Chicago, je compte donc à la fois explorer différents aspects de la ville, rencontrer le plus de gens possible et écrire le scénario, y compris en présence de Sabri qui, résidant à Philadelphie, pourra me rejoindre pour écrire à deux. Le temps passé à Los Angeles sera lui l’occasion de rencontres de potentiels partenaires en vue de la fabrication du film.  

L’histoire imaginée par Sabri Louatah se passe à Chicago, où il a lui-même vécu pendant un an. Je n’y suis personnellement jamais allé, ce qui constitue en soi une raison majeure à ce que j’y vive plusieurs mois, afin de m’immerger dans la ville pour l’écriture du scénario. Dans mes travaux précédents, le territoire, les lieux, mon sentiment de familiarité avec eux, le fait « d’y avoir vécu », sont essentiels à la façon dont, ensuite, les scènes émergent, entretenant un dialogue dynamique entre imaginaire et réalité, projection et expérience. Mes films se nourrissent de cette réalité des lieux. De ce défi d’insuffler aux scènes l’âme véritable d’un endroit. Avec ce plaisir particulier d’agiter toute la mécanique spectaculaire et artificielle de la fiction pour reconstruire une petite parcelle de vérité. La verticalité de Chicago, ses cloisonnements, où chaque quartier semble un monde différent et étanche aux autres, le décor du Lincoln Park où les deux personnages principaux du film se rencontrent quotidiennement, celui du Belmont Harbor qui provoque dans le film un changement total de cadre visant à désorienter le héros… C’est toute cette complexité que je méconnais encore et qui ne m’a été que rapportée, que je prévois d’explorer afin d’en intégrer les qualités dans le scénario. Ce qui m’intrigue, c’est que ceux qui ont été en contact avec le projet, et qui connaissent bien Chicago, m’ont à chaque fois dit que la ville leur paraissait le cadre idéal pour cette histoire. J’ai hâte de savoir pourquoi.  

En partenariat avec

La Ferme du Buisson

Située près de Paris, ancienne ferme du XIXème siècle, la Scène Nationale La Ferme du Buisson est un lieu unique, consacré aux arts et à la culture, leur fabrication et leur diffusion. Elle est dotée d’un Cinéma art & essai, d’un Centre d’Art Contemporain d’intérêt national, de plusieurs salles de spectacle.

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