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Bahia Bencheikh El-Fegoun

Cinéaste
September 18 → October 18, 2022

Bahia Bencheikh El-Fegoun

  • Cinéma
  • New York

« J’essaye de faire un cinéma qui nous ressemble, intime, politique et poétique, qui s’offre en partage, tel un poème tragique. »

J’habite un pays (Algérie) qui, de par son Histoire, son présent et son futur, fait de nous des citoyens.  
C’est par le cinéma, que j’ai su approcher la dimension humaine de cette société contrariée, où les désirs qui s’égosillent à contre-courant rendent fous de liberté.  
Où les rêves de justice condamnent à une résistance si profonde que même vulnérable et apathique face aux menaces, elle continue de vibrer, secrètement dans les corps.  
Ces corps de femmes, ces corps d’hommes en révolution constante, ne cessent de dire la beauté et les fêlures des miens. 
J’essaye de faire un cinéma qui nous ressemble, intime, politique et poétique, qui s’offre en partage, tel un poème tragique. 

 

« Nous, dehors », mon premier documentaire, expose la femme et son corps dans l’espace public habité par un ordre de croyance, occupé par des hommes. Il y est question de conscience, de reconnaissance et de silences. 

 

Dans « Fragments de rêves » mon second long-métrage, seuls les minoritaires sont révolutionnaires.  
Leur vie est sacrifiée à combattre le présent, sans perspective d’avenir. 

 

Mon dernier film, que je finalise, est mon premier film exclusivement féminin, où mon cinéma qui s’est aiguisé à tracer l’esthétique d’une poétique brute, raconte une histoire de femmes, une vision et des mots habités par leurs émotions vivantes.  

 

Techniciennes, réalisatrice, productrice, protagonistes, nous sommes toutes des femmes. 

 
« Witch » va ouvrir l’espace de ce cheminement en faisant le pas immense d’un continent vers un autre, si éloigné qu’il pourrait paraitre impossible à faire. Mais pourtant, ce chant berbère a fait se réunir et retentir des voies communes dans toute leur ampleur créative, avec un imaginaire et des actions innovantes, celles de forces féminines agissantes. Comme ce chant, ce film va à leur rencontre. 

 

Née en Algérie en 1976, Bahia Bencheikh El Fegoun est géologue de formation et cinéaste depuis 2003. Dès 2007, elle se forme en montage et réalisation (Ateliers Varan) puis en production (DOCmed). Son premier court métrage, “C’est à Constantine”, est sélectionné dans de nombreux festivals et primé à Ciné Sud. En 2014, elle a co-produit et co-réalisé “H’na, l’barra (Nous, dehors)” documentaire sélectionné dans de nombreux festivals. En 2017, elle produit et réalise “Fragments de rêves”, documentaire de création. Son dernier film, en cours de finalisation, est réalisé avec une équipe exclusivement féminine : réalisatrice, productrice, techniciennes, actrices… 

« En 1968, le jour d’Halloween, à New York, surgit le mouvement Women’s International Terrorist Conspiracy from Hell (WITCH), dont les membres défilèrent dans Wall Street et dansèrent la sarabande, main dans la main, vêtues de capes noires, devant la Bourse. Les yeux fermés, la tête baissée, les femmes entonnèrent un chant berbère (sacré aux yeux des sorcières algériennes) et proclamèrent l’effondrement imminent de diverses actions.»

 

Lorsque je suis tombée sur ce passage dans « Sorcières, le pouvoir invaincu des femmes » de Mona Chollet, une foule de questions est montée en moi : 

Comment un chant berbère a-t-il voyagé des montagnes de Kabylie jusqu’à New York ?  
Quel chant ces femmes ont-elles entonné ? 

Qui est l’algérienne qui les a inspirées ? 

Qui étaient ces femmes? Que sont-elles devenues? 

Qui sont les héritières des WITCH ? Les sorcières d’aujourd’hui ? 

 

Quelques pistes se dessinent, des liens affleurent. Emprunts culturels, féminisme, patriarcat, féminicide, droits fondamentaux… les questions à creuser sont nombreuses. Avec, comme fil conducteur, au cœur de cette exploration, la survenue d’une femme forte au parcours singulier. Une figure féminine atypique qui bouleverse les fondements du patriarcat, et met à mal le mâle dominant. Une sorcière 2.0. 

 

De cette enquête qui me fera prendre les voies historiques et entendre les voix contemporaines d’un mouvement politique, féminin et féministe, surgira une pensée et un imaginaire déterminant de la forme cinématographique de mon film. Il devra, dans son mouvement, dans sa temporalité, dans son écriture, porter une esthétique où la promiscuité entre documentaire et fantasmagorie est possible. Absorber et être en relation sensible à une image empruntée aux rituels occultes, magie et sorcellerie, florissante dans la pop culture, la peinture ou la photographie. Le film rêvé. Comme un acte de création artistique. 

New York, constitue le point de départ d’une enquête passionnante. Il s’agit de remonter le fil de l’Histoire et des histoires, d’aller à la rencontre des protagonistes, des actrices de l’époque et d’aujourd’hui et des lieux, université, musées, galeries…  Cette enquête à mener semble déjà épouser les contours d’une quête : dresser le portrait d’un féminisme et de ce qu’il a engendré, d’une multitude de femmes et leurs descendantes, dans une ville mythique, New York, à l’époque où Alger, Mecque des révolutionnaires, était un point incontournable du globe pour qui voulait renverser un système d’oppression.  

 

Dessiner les traits d’une figure emblématique, the witch, là où elle s’exprime le plus librement, à New York, pour espérer la débusquer là où elle se terre secrètement, dans mon territoire.  

 

Aussi à Salem, ville dont le nom est pour toujours lié aux procès des sorcières et habité de cette histoire. Riche d’une belle ambiguïté entre folklore, tourisme et histoire tragique.  

 
Il s’agit de chercher et de recueillir les ressources riches et complexes à renouer dans un nouvel espace de création. J’irai à la rencontre des héritières : artistes, photographes, autrices, qui se définissent comme sorcières, aussi des universitaires. Le champ des possibles est largement ouvert.  

En partenariat avec

Ford Foundation

La Fondation Ford est un organisme indépendant qui combat les inégalités afin de construire un avenir plus juste. Depuis plus de 85 ans, elle soutient des artistes visionnaires, à la pointe des changements sociétaux dans le monde entier, et s’efforce de renforcer les valeurs démocratiques, réduire la pauvreté et l’injustice, promouvoir la coopération internationale et contribuer aux progrès de l’humanité. Forte d’une dotation de 16 Md$, la fondation siège aujourd’hui à New York et possède une dizaine d’antennes régionales en Afrique, en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient.

 

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