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Alicia Knock

Conservatrice du patrimoine

  • Musées
  • Atlanta

« La question du retour des africains-américains vers Afrique est un enjeu majeur et transversal de l’histoire intellectuelle noire aux Etats-Unis à travers l’histoire du panafricanisme dans la première moitié du XXème siècle puis à travers la formation, dans les années 1960 d’un vaste mouvement de solidarité entre les luttes pour l’émancipation noire aux Etats-Unis et le mouvement des décolonisations en Afrique. » 

Conservatrice pour la Création contemporaine au Centre Pompidou depuis 2015, je travaille à mettre en perspective, à travers des acquisitions et des expositions, une histoire transnationale de l’art au musée (Afrique, Europe centrale) qui puisse rendre compte non seulement des géographies traversées par les artistes, mais aussi de leurs circulations, en prenant Paris comme point récurrent d’ancrage et de passage. Je m’intéresse à des pratiques artistiques tournées vers la résistance et l’émancipation politique, souvent travaillées par des notions de métissage, de réparation, en lien avec l’histoire coloniale comme post-coloniale, mais aussi avec certains récits non écrits ou invisibilisés. Ce sont des problématiques que j’ai pu explorer au Musée National d’Art Moderne lors de la préparation d’expositions comme Ernest Mancoba (2019), Chine-Afrique (2020) et les acquisitions présentées dans Globale résistance (2020). Particulièrement attachée à l’écriture d’une histoire panafricaine de l’art depuis les Indépendances, je cherche aujourd’hui à approfondir les recherches que je mène depuis plusieurs années autour de l’Atlantique noir, à travers des trajectoires artistiques partagées entre le monde noir américain, la Caraïbe, la France et l’Afrique. 

Conservatrice dans le service Création Contemporaine et Prospective du musée national d’art moderne, Alicia Knock cherche à développer une histoire transnationale de l’art au Centre Pompidou. Elle travaille plus particulièrement sur l’art moderne et contemporain africain et d’Europe Centrale, tant au niveau des acquisitions que des expositions (Ernest Mancoba, 2019 ; Chine-Afrique, crossing the world color line, 2020 ; Globale résistance, 2020) et cherche à explorer d’autres formats d’expositions à travers des projets vivants et prospectifs qui viennent interroger le musée de demain (Museum On/Off, 2016). Elle s’intéresse également à la visibilité des femmes artistes (‘La terre la plus contraire’ Fondation Fernet Branca, 2017; ‘Soudain mon ombre s’est allongée..’,Bandjoun station, 2018). Elle a été par ailleurs commissaire du Pavillon Albanais à la 58eme biennale de Venise et co-commissaire d’une exposition dédiée à Boris Mikhailov au Pinchuk Art Centre de Kiev (2019). 

A travers cette résidence, je souhaiterais préciser les liens qui relient une vingtaine d’artistes africains-américains comme issus de la diaspora avec l’espace l’Atlantique, la France et le continent africain autour de la problématique du « back to Africa ». La question du retour des africains-américains vers Afrique est en effet un enjeu majeur et transversal de l’histoire intellectuelle noire aux Etats-Unis à travers l’histoire du panafricanisme dans la première moitié du XXème siècle puis à travers la formation, dans les années 1960 d’un vaste mouvement de solidarité entre les luttes pour l’émancipation noire aux Etats-Unis (Black Arts Movement) et le mouvement des décolonisations en Afrique, suscitant le rêve d’une nouvelle Odyssée de retour. 

Cette recherche ira sur les traces d’artistes qui se sont rendus en Afrique dès les années 1950, portés par l’émulation des festivals panafricains de Dakar puis de Lagos, et avec l’appui de bourses d’universités actives comme la Howard University. Alors que des réseaux collectifs et individuels se créent au fil des ans, entre communautés artistiques et trajectoires individuelles désireuses de puiser leurs sources dans l’art africain contemporain, l’émergence de l’afrocentrisme sous l’impulsion de Maulana Karenga et Molefi Kete Asante au cours des années 1970 voit par ailleurs des collectifs africains américains se projeter sur le continent, comme le collectif Africobra de Chicago. Dans un mouvement inverse, les recherches porteront également sur la venue d’artistes africains aux Etats-Unis depuis les années 1950, et s’intéresseront aussi à l’histoire d’institutions (Harmon foundation) comme d’expositions pionnières (notamment à Dallas et Los Angeles). Cette recherche cherchera à comprendre comment le contact avec l’Afrique permet aux artistes de formuler un langage transnational, de créer des communautés et collectifs ainsi que de repenser plus largement leurs méthodes de travail. 

Le travail sur les sources des modernités afro-atlantiques, encore timidement étudiées, est immense, et la plupart des œuvres comme des archives concernant ces figures, même celles ayant vécu à Paris, sont aujourd’hui conservées aux Etats-Unis. Je souhaite me déplacer d’une part dans des lieux ressources comme les archives incontournables comme celles de la Hampton university et la Howard university, sans oublier celles de la Smithsonian Institution et de la Library of Congress. La rencontre avec les artistes me conduira par ailleurs à Denver, Baltimore et Atlanta, pour recueillir des témoignages inédits de ces circulations passionnantes. 

Un autre volet de rencontres me permettra de tisser des liens avec le monde universitaire et de la recherche, dans la perspective d’un partage des savoirs. Il s’agira donc de mobiliser de manière polyphonique et collaborative, une pluralité de points de vue (personnalités africaines-américaines, antillaises et africaines travaillant sur l’Atlantique noir) et de disciplines en croisant la musique, la littérature, le cinéma, les études post coloniales et africaines avec les arts visuels, en vue de workshops et de la production d’entretiens d’artistes.  

En partenariat avec

Centre Pompidou

Depuis 1977, le Centre Pompidou présente une riche programmation aux croisements des disciplines et des publics. Son bâtiment emblématique, qui abrite l’une des deux plus grandes collections d’art moderne et contemporain au monde, ainsi que des expositions, des colloques, des festivals, des spectacles, des projections ou des activités pour les plus jeunes, en font une institution sans équivalent, profondément ancrée dans la cité et ouverte sur le monde et l’innovation.

 

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