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Aboubakar Fofana

Artiste textile
Automne 2024

  • Arts visuels
  • Design & Métiers d'art
  • Sciences humaines et sociales
  • Atlanta
  • La Nouvelle-Orléans
  • New York
  • Washington, DC

« Je veux que mon travail devienne plus sensible et mieux adapté aux besoins des communautés de la diaspora noire et des terres que nous habitons, dans leur relation à la restauration d’une culture ancestrale, à la médecine par les plantes et à l’émancipation. »

Je suis artiste textile. Dans toutes mes œuvres, je m’intéresse à la symbiose entre les humains et les plantes qui nous entourent, et en particulier à l’importance spirituelle et aux propriétés curatives de l’indigo et d’autres plantes tinctoriales africaines.   

Depuis plus de trente ans, je me consacre à revaloriser les techniques et matériaux naturels traditionnels employés en teinturerie en Afrique de l’Ouest, et à en affiner l’utilisation. Je plante, cultive, récolte et transforme l’indigo qui sert de matière première à chacune de mes créations. Ma croyance spirituelle fondamentale est que la nature est d’essence divine. Par conséquent, toute ma pratique artistique requiert d’accorder une attention constante aux techniques ancestrales qui améliorent la santé des humains et de la terre. Il faut maintenir le même niveau de précision et de cohérence depuis la graine jusqu’à la fibre textile finale pour que les propriétés curatives de l’indigo puissent se développer pleinement.  

Pour faire fructifier ce précieux savoir, j’ai passé des années à étudier avec les derniers gardiens de ces traditions. Je me suis plongé dans les archives qui retracent l’histoire de l’indigo en Afrique, des temps anciens à l’époque actuelle. À travers ce processus mémorial, je soulève la question du devenir de la dimension sacrée de l’indigo pour mes ancêtres durant la période de la traite négrière transatlantique. Au cours de cette résidence, je compte m’intéresser aux expériences des esclaves originaires d’Afrique de l’Ouest en matière de culture et de production de l’indigo à l’époque coloniale. Je veux que mon travail devienne plus sensible et mieux adapté aux besoins des communautés de la diaspora noire et des terres que nous habitons, dans leur relation à la restauration d’une culture ancestrale, à la médecine par les plantes et à l’émancipation.  

 

Aboubakar Fofana est artiste et designer. Ses médiums d’expression incluent la calligraphie, le textile et les teintures naturelles. Il redynamise et redéfinit les techniques traditionnelles de teinture à l’indigo d’Afrique de l’Ouest et se consacre à la préservation et la réinterprétation des méthodes et matériaux naturels employés dans le textile et la teinturerie dans cette région du monde. Son travail découle de la croyance spirituelle selon laquelle la nature est d’essence divine : en respectant cette divinité, on peut comprendre le sens sacré de l’univers. Les matériaux qu’il utilise sont naturels, et sa pratique s’articule autour des cycles de la nature, des thèmes de la naissance, de la décomposition et du changement, ainsi que de l’impermanence de ces matériaux.  

Au cours de cette résidence, je m’intéresserai aux tensions entre les conceptions historique et actuelle de l’indigo, qui est d’un côté une plante tinctoriale native aux vertus thérapeutiques et de l’autre une culture de rapport, massivement produite pour servir un système économique (néo)colonial violent. Comment des manières de savoir et d’être, incarnées et intergénérationnelles, liées à la culture et l’usage de l’indigo en tant que source de guérison peuvent-elles renouveler la relation qu’entretiennent avec la plante ceux qui portent le poids d’un traumatisme historique ? Comment les passeurs de culture afro-américains perçoivent-ils l’empreinte laissée par l’indigo dans leur mémoire collective ? Comment de nouvelles interprétations peuvent-elles redonner vie aux archives, et quels espaces inexplorés celles-ci peuvent-elles révéler ? Des échanges ciblés avec les communautés afro-américaines me permettront d’éclairer et d’enraciner ma propre pratique artistique, en me rendant plus responsable dans mes façons de m’occuper de la terre et de partager mes connaissances.  

J’espère découvrir, par le biais d’entretiens avec leurs descendants, mes frères et sœurs de la diaspora, comment la connaissance des vertus médicinales de l’indigo a survécu, ou s’est même développée, chez mes ancêtres africains réduits en esclavage. Parallèlement à mes approches de teinturier et de designer, les méthodes que j’emploierai pour ce projet se concentreront en priorité sur les récits oraux et les archives écrites. Cette méthodologie me permettra de contextualiser ce que je découvrirai dans les archives (qui représentent en fait le point de vue colonial) tout en établissant des relations durables avec des artistes, herboristes et agriculteurs afro-américains. En Caroline du sud, je rencontrerai des membres des communautés de Gullah Geechee et des passeurs de la culture noire de toute la région, véritables archives vivantes qui sont les descendants de ces ancêtres africains. À New York et à Washington, je compléterai les entretiens réalisés sur le terrain avec des sources écrites issues de bibliothèques, d’institutions universitaires et de musées.  

Les thèmes de cette résidence correspondent à plusieurs projets que j’ai menés au fil des décennies. Mon exposition Fundi (Uprising) s’intéressait aux luttes menées par les peuples opprimés contre les forces qui cherchaient à les subjuguer, tandis que Symphony for an Untold Story s’inspirait de l’histoire de l’indigo africain aux États-Unis. Mon séjour dans ce pays me permettra d’étudier des questions que je n’ai pas encore pleinement intégrées dans mon travail.  

Ma résidence se déroulera en deux phases : une recherche classique dans les archives institutionnelles, puis un travail de terrain sur le littoral au sud-est du pays (région d’implantation historique des Gullah Geechee) où je visiterai des sites en rapport avec la culture passée et contemporaine de l’indigo. Je me concentrerai en particulier sur les lieux où des artistes, des militants et des agriculteurs se réapproprient et réinventent cette culture.  

Première phase : New York et Washington. 

Deuxième phase : Charleston (Caroline du Sud), St. Augustine (Floride), Atlanta (Géorgie) et La Nouvelle-Orléans (Louisiane). 

 

Je passerai environ deux semaines dans chaque ville, en commençant par me rendre au Schomburg Center for Research in Black Culture à New York avant d’aller à Washington pour consulter les archives d’institutions comme le National Museum of African American History & Culture et l’Université Howard, entre autres. À Charleston, St Augustine, Atlanta et La Nouvelle-Orléans, je mènerai des entretiens avec des artistes et des agriculteurs noirs qui ont des liens étroits avec la culture de l’indigo aux États-Unis, que ce soit par leurs ancêtres, du fait d’activités en lien avec un processus actuel de réappropriation et de restauration, ou les deux.  

En partenariat avec

ART EXCEPTION

Art & Exception est une initiative indépendante qui a pour objet de promouvoir les métiers d’art africains, favoriser la préservation du patrimoine culturel et transformer le potentiel d’innovation des industries créatives à travers l’éducation, la culture et le développement économique..

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