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Anne del Castillo – Directrice du MOME à New York

Time Square, New York City ©P. Silva

Par Valérie Mouroux

« Quand la pandémie de COVID s’est déclarée, notre agence a abandonné son rôle de soutien pour se reconvertir en gestionnaire de crise. » A la tête du Bureau du Maire pour les Médias et l’Entertainment, Anne del Castillo a fait de New York le pôle technologique le plus dynamique des Etats-Unis. Mais les enjeux ne sont sont pas qu’économiques, ils se mesurent aussi en matière de diversité et de parité.

Depuis avril 2019, Anne del Castillo est à la tête du MOME (Mayor’s Office of Media and Entertainment) et supervise la politique de la ville de New York dans le secteur des médias, des industries culturelles et du divertissement qui représente 500 000 emplois et pèse quelque 150 Md$. New-Yorkaise de naissance, elle a plus de 25 années d’expérience dans la production télévisuelle et cinématographique les médias publics et les organisations artistiques à but non lucratif. L’objectif pour elle est clair : maintenir New York, après la crise du Covid qui a très durement impacté le secteur culturel, au rang de métropole culturelle mondiale.

Quels en sont les caractéristiques et principaux atouts du secteur des médias et du divertissement à New York ? En quoi la ville se démarque-t-elle d’autres pôles d’attraction, comme San Francisco ou Los Angeles ?

Le MOME soutient l’ensemble des industries culturelles : cinéma, télévision, théâtre, musique, publicité, édition, contenus numériques (podcasts, réalité virtuelle ou augmentée, jeux vidéo). Il soutient également la scène nocturne, terreau de quelques-uns des mouvements artistiques les plus marquants de notre époque. New York jouit d’un paysage culturel varié, qui va des petits indépendants aux groupes médias internationaux. Les chefs de file du secteur m’ont confié qu’ils avaient choisi New York non seulement en raison du dynamisme de son environnement culturel et de sa scène nocturne, mais aussi de son large vivier de créateurs, de la renommée de ses établissements d’enseignement supérieur et de la qualité de ses infrastructures (assistance juridique, comptable, ressources humaines, etc.).

Quelle place les nouveaux médias (jeux vidéo, podcasts, réalité virtuelle) occupent-ils dans l’écosystème new-yorkais, et comment envisagez-vous leur développement ?

C’est l’un des secteurs en très forte croissance à New York. Pour accompagner son développement, la Ville a créé le R-Lab au chantier naval de Brooklyn, mis en place le programme de certification “Made in NY” pour les podcasts, et établi des partenariats avec un certain nombre d’acteurs dans le milieu du jeu vidéo, dont NYU Game Center, Games for Change et Game Developers of Color. Nous avons également lancé un programme de formation “Made in NY” dans le domaine de l’animation, une discipline en plein essor, notamment du fait de l’innovation dans les nouveaux médias.

De manière générale, New York apparaît désormais comme le pôle technologique le plus dynamique des États-Unis, avec une progression d’environ 20 % du taux de création d’emplois au cours des dix dernières années. Par conséquent, les ressources ne manquent pas pour les nouveaux médias, dont un réseau d’une vingtaine de pépinières d’entreprises proposant des espaces de travail à bas coût, la mutualisation des ressources et un réseau de partenaires, ainsi qu’une plateforme numérique visant à mettre en relation les entreprises et start-ups spécialisées dans ce domaine.

La pandémie a durement affecté le secteur du divertissement, notamment les théâtres et les salles de concert. Quelles sont les principales mesures prises par la Ville pour soutenir ces industries et leurs employés ?

Quand la pandémie de COVID s’est déclarée, notre agence a abandonné son rôle de soutien pour se reconvertir en gestionnaire de crise. Depuis mars 2020, nous nous efforçons de faire redynamiser l’économie culturelle tout entière, aussi vite et prudemment que possible. Cela implique d’écouter les besoins des différents acteurs et de les communiquer au gouvernement, de défendre les politiques d’aide à la culture, et de nous assurer que les professionnels soient correctement informés des ressources à leur disposition (comme les aides financières et autres mesures de soutien) et des recommandations de réouverture.

Nous avons également mis en place plusieurs initiatives pour soutenir et promouvoir le monde de la culture, tisser des liens avec le public et fournir du travail rémunéré aux artistes. Au début de la pandémie, nous avons chargé les principaux porte-paroles du secteur d’encadrer les Virtual NYC Curator Collections, une série d’expériences virtuelles produites par les institutions culturelles, les salles de spectacle et les attractions new-yorkaises. Grâce aux installations éphémères Off Broadway in the Boros Pop-Ups, les New-Yorkais ont pu renouer avec le spectacle vivant aux quatre coins de la ville, dans un cadre sécurisé et respectueux des gestes barrière. Nous avons par ailleurs créé un programme novateur, Open Culture, qui met à disposition des sociétés et des théâtres près de 200 emplacements en extérieur répartis sur cinq quartiers afin de proposer des spectacles avec billetterie et distanciation physique. De janvier à juin, l’édition spéciale du New-York City Music Month Extended Play a réuni musiciens, public et professionnels du secteur. Avec Music for the Soul et Music Heals, nous avons pris en charge des représentations et des concerts destinés aux personnels soignants et à tous les New-Yorkais qui se battent, dans les centres de soin et de vaccination, pour enrayer la propagation du virus. Il y a peu, la Ville a annoncé le lancement du NYC Artist Corps, un plan d’investissement de 25 M$ (sous forme de commissions et subventions) pour les artistes locaux afin de proposer des spectacles et des programmations culturelles à mesure que la ville rouvrira au fil de l’été.

Dans cet esprit de soutien aux structures locales, nous avons aussi lancé Curtains Up, qui propose une assistance technique gratuite aux salles, entreprises et organisations à but non lucratif new-yorkaises (dans le spectacle vivant) qui ont déposé une demande de subvention pour le programme Shuttered Venue Operators et d’autres aides fédérales.

Durant votre mandat, vous avez mis l’accent sur la promotion de la parité et de la diversité. Comment la Ville de New York se positionne-t-elle sur ces sujets, par rapport au reste du pays et quelles sont, à vos yeux, les priorités ?

La diversité de New York est l’un de ses principaux atouts, et c’est sans doute ce qui contribue à cette créativité incroyable qui érige notre ville au rang de métropole culturelle mondiale. Je suis membre du comité municipal pour l’équité et l’intégration ethniques, dont l’objectif est d’apporter davantage d’équité dans les missions de nos différentes agences. Le MOME a par ailleurs initié plusieurs programmes de formation visant à intégrer des New-Yorkais sans emploi ou sous-employés dans nos industries culturelles. Je suis particulière fière de notre formation d’assistant de production “Made in NY”, qui compte près d’un millier de diplômés depuis son lancement il y a 15 ans. Avec un taux d’insertion professionnelle de 96 %, cette formation a servi de modèle aux suivantes.

Le Fonds pour les femmes dans les médias, la musique et le théâtre, autre initiative révolutionnaire, lutte contre la sous-représentation des femmes et des artistes s’identifiant comme telles dans les milieux du cinéma, de la télévision, des médias numériques, du théâtre et de la musique. Nous avons déjà soutenu plus de 150 projets créés par des femmes ou consacré aux femmes, et disposons d’une enveloppe globale de 5,5 M$. Ce programme triennal est entré dans sa deuxième année.

Anne del Castillo est Commissaire auprès du Maire de New York et directrice du MOME (Mayors’s Office of Medias and Entertainment) dont l’objectif est de soutenir les industries culturelles à New York (cinéma, télévision, théâtre, musique, communication, édition et création de contenus numériques) et de favoriser le développement d’une économie nocturne durable grâce au tout premier Bureau municipal pour la vie nocturne. ​​​​​Elle a aussi été productrice adjointe du documentaire “Imelda”, distingué au Festival de Sundance, sur l’ex-Première dame des Philippines, membre du National Endowment of the Arts, du Center for Asian American Media et du New York State Council on the Arts. Elle a animé différents événements professionnels, dont le festival South by Southwest à Austin (Texas) (et le Marché audiovisuel de Sithengi (en Afrique du Sud).

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